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Communiqué de presse


COMMUNICATION EN DATE DU 8 OCTOBRE 2004 ADRESSEE A
L’AMBASSADEUR ARISTIDES ROYO, PRESIDENT DU CONSEIL PERMANENT, PAR MONSIEUR MIGUEL ANGEL RODRIQUEZ E., SECRETAIRE GENERAL



  8 octobre 2004




SECRÉTARIAT GÉNÉRAL



8 octobre 2004




Monsieur le Président,

L’élection unanime en qualité de Secrétaire général de l’Organisation des États américains représente le plus grand honneur qu’aurait pu me conférer les États membres.

En assumant mes fonctions il y a quelques ours, je l’ai fait à la lumière de plusieurs programmes et projets et avec la conviction profonde et le ferme espoir que sur la base des valeurs qui orientent les peuples de ce nouveau Continent, les Etats et le Secrétariat général nous serions capables de donner un nouvel essor à notre action interaméricaine : consolider la protection des droits de la personne, la démocratie et la gouvernance ; accélérer la croissance partagée et réduire la pauvreté ; assurer la paix et consolider la nouvelle vision de la sécurité continentale.

Durant les deux années précédentes, je me suis préparé pour affronter avec efficience et efficacité cette responsabilité. Le 15 septembre, nous avons entamé la première étape de la restructuration du Secrétariat général, grâce à l’apport et le sacrifice généreux de nos fonctionnaires en vue de résoudre la difficile situation budgétaire que nous affrontons ; nous avons focalisé l’action sur les quatre grands domaines d’action mentionnés. En même temps nous avons mis en place une administration axée sur les objectifs, en vue d’affecter les ressources budgétaires aux priorités de l’OEA et être ainsi à même d’évaluer les résultats et créer les stimulants appropriés.

Dans la réalisation de toutes ces tâches et du peu de travail que nous avons pu accomplir , nous avons bénéficié de la part des Etats membres de l’appui loyal et sincère et le vrai désir de progrès, comme ils l’ont exprimé avec détermination aux plus hauts niveaux de leurs gouvernements et de leurs représentations auprès de l’Organisation. Nous avons reçu aussi le même appui, conseil et détermination de la part du Secrétaire général adjoint, l’Ambassadeur Luigi Einaudi, des fonctionnaires du Secrétariat général et de ma petite et dévouée équipe de conseillers.



Je crois qu’il est extrêmement important de mentionner, de défendre et d’approfondir ces changements en faveur des idéaux interaméricains de liberté, de dignité, de justice, de solidarité, de paix et de progrès. J’estime aussi que ceux d’entre nous qui aiment l’histoire et les aspirations des Amériques, la diversité et la richesse de nos cultures et la bonté de ses populations, nous devons demander à Dieu de nous guider et de consacrer nos meilleurs efforts à la réalisation de ces nobles objectifs.

Le jeudi de la semaine dernière, j’ai été lié à une enquête sur des versements à diverses personnes effectués par des fournisseurs d’entités publiques du Costa Rica.

Deux options m‘étaient offertes. Demeurer au Secrétariat pour être en mesure de continuer à impulser les réformes préparées avec tant de soins et de temps, en assumant à la fois personnellement ma lutte pour être exonéré de ces faits, ou me démettre de ma fonction pour me consacrer exclusivement à ma défense et à éclaircir les faits devant les autorités judiciaires du Costa Rica.

Tous les différents Etats du Costa Rica que j’ai pu consulter ces derniers jours m’ont offert leur appui pour que j’opte pour la première option et ils m’ont rappelé la règle élémentaire des droits de la personne, à savoir que personne ne peut être considérée coupable avant d’avoir été déclarée comme tel par jugement, encore moins lorsqu’on ne peut assumer de culpabilité alors qu’une accusation n’a pas été faite.

Mais, les éléments m’ont porté à des profondes réflexions sur l’utilité ou non de choisir cette option. D’une part, je voulais céder à ce désir d’impulser les projets que, avec tant d’illusions, nous avions discutés et que nous mettons en route maintenant. D’autre part, je voulais éviter que ma famille et l’OEA ne paient les frais, et ces derniers jours, j’ai réalisé que j’avais sous-estimé le temps et l’effort qu’exigera ma défense au Costa Rica.

L’OEA est une organisation extraordinaire qui, au long de 115 ans d’existence, a réalisé de grands progrès, ce dont nous devons être fiers ; car ces progrès constituent un motif d’encouragement pour faire face à une décision accompagnée des énormes défis, pour le bien-être des femmes et des hommes de ce Continent américain.

C’est pourquoi je ne veux pas soumettre cette Organisation au coût et à la cruelle et longue persécution de son Secrétaire général, non seulement dans les enceintes judiciaires, mais également dans la presse ; je ne veux pas non plus assujettir ma famille aux frais d’une défense à distance.

D’entrée de jeu, j’ai indiqué que je me défendrai et que j’éclaircirai les faits devant les autorités judiciaires du Costa Rica et je le ferai.

Eu égard à ce qui précède et avec une profonde douleur qui est seulement comparable par son intensité à la gratitude avec laquelle, Monsieur le Président du Conseil permanent, vos et vos collègues, les Ambassadrices et les Ambassadeurs représentants permanents, vos chefs de gouvernement et vos ministres, je me démets de mon poste de Secrétaire général de l’Organisation des Etats américains à partir du 15 octobre.



Je me consacrerai au cours des journées qui me restent à ce poste à transférer mes responsabilités et les informations au Secrétaire général adjoint.

Avec humilité, douleur et angoisse, je vous demande à vous et à vos pays de me pardonner de vous avoir fait connaître cette difficile impasse et je souhaite que ma décision contribue à ce que l’Organisation puisse focaliser son attention sur les hautes tâches qui lui ont été confiées.

Je demande à Dieu de guider les pas du Conseil permanent, du Secrétaire général adjoint te des fonctionnaires du Secrétariat général pour que notre Amérique puisse aller de l’avant avec fermeté, dans la conviction de nos valeurs au bénéfice de tous et de tous les Américains, et en faveur de la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et l’injustice.

Recevez les assurances de ma très haute considération et de mon estime personnelle.





Miguel Ángel Rodríguez

Son Excellence
Monsieur Arístides Royo
Président
Conseil permanent
Organisation des Etats Américains



Référence : F-179/04