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Communiqué de presse


CIDH EXPRIME SA PREOCCUPATION PAR LE PROCES POUR MEURTRE DE L’ACTIVISTE HAITIEN ANTOINE IZMÉRY

  20 août 2004

La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) exprime sa préoccupation par le procès pour le meurtre, daté du 11 septembre, 1993, de l’homme d’affaires et activiste Antoine Izméry, tenu en Haïti le 17 août, 2004.

Selon des comptes-rendus publics, l’ancien chef paramilitaire, Louis-Jodel Chamblain et un ancien fonctionnaire de la police haïtienne, Jackson Joanis, ont été acquittés du meurtre de M. Izméry suite à un procès organisé à la hâte et tenue durant la nuit et où le seul témoignage reçu fut celui d’un témoin de la couronne. A la lumière des circonstances entourant la mort de M. Izméry, il y a des fortes indications que les efforts déployés pour l’enquête, la cueillette de preuve et la traduction devant la justice des personnes responsables pour le meurtre de M. Izméry furent inadéquates.

Selon le compte rendu dans le rapport de 1994 de la Commission sur la situation des droits de l’homme en Haïti, M. Izméry fut tué en plein jour lors de sa participation à une messe commémorant le massacre de 1988 à l’église de St. Jean Bosco. Des hommes armés et habillés en civils ont emporté M. Izméry de l'église, l’ont forcé à s’agenouiller dans une clairière située devant église et l’ont fusillé à gamme étroite dans la tête. Ces évènements étaient à la vue de la police qui patrouillait le site entourant l’église.

La Commission a depuis longtemps exprimée l’importance de combattre l’impunité des violations des droits de l’homme en Haïti et soutient que l’enquête, la poursuite et la punition de la violation des droits humains sont primordiaux pour l’élimination de la violence et pour garantir la règle de droit. De plus, la Commission a de façon soutenue exprimée ses préoccupations concernant les faiblesses au sein du système judiciaire Haïtien et a exhorté l’État pour qu’il corrige ces déficiences. Ses faiblesses trouvent leur source dans le manque chronique de ressources et autres limitations imposées sur le système judiciaire par les branches exécutive et législative du gouvernement.

C’est dans ce contexte et suite aux indications que le procès pour le meurtre de M. Antoine Izméry n’a pas été correctement enquêté, ni poursuivit, que la Commission exprime sa préoccupation et exhorte l’État haïtien à donner suite à son engagement de mettre fin aux violations des droits l’homme ayant eu lieu par le passé, en utilisant des procédures claires, justes et efficaces conformes aux normes internationales établies par la Convention Interaméricaine des Droits de l’Homme et les autres instruments applicables.

Washington, D.C. 20 août, 2004

Référence : CIDH17/04F