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Speeches

DULY BRUTUS REPRESENTANT PERMANENT D’HAITI PRES L’OEA
INTERVENTION DE L’AMBASSADEUR DULY BRUTUS AU CONSEIL PERMANENT

10 février 2006 - Washington, DC


Madame la Présidente,

Vous pouvez imaginer ma satisfaction de rapporter au Conseil Permanent, en appui à l’édifiant exposé du Secrétaire général, que les élections du 7 février en Haïti se sont déroulées dans la paix et l’ordre. Elles ont réuni un nombre record d’inscrits assoiffés de voir un jour nouveau poindre sur le pays. En ce qui me concerne, j’imagine aisément votre satisfaction, ainsi que celle de tout le Conseil, face à ce succès électoral qui a agréablement surpris plus d’un et initie la normalisation politique tant souhaitée. Malgré quelques inconvénients enregistrés au départ, l’exercice électoral a été révélateur à plus d’un titre.

Premièrement, en dépit de la violence chronique qui a marqué récemment la zone métropolitaine de Port-au-Prince, les électeurs se sont mobilisés même avant l’aube pour remplir leurs obligations civiques et, de leur propre avis, pour contribuer à relever le pays. Jeunes et vieux, même sous le poids de conditions physiques difficiles, ont exprimé clairement leur attachement à la démocratie. Cette détermination exemplaire devrait dissiper tout scepticisme quant à l’avenir d’Haïti, une fois qu’aura été mis en place un gouvernement légitime, issu de la volonté du souverain, responsable et soucieux de faire avancer les intérêts de la nation.

Deuxièmement, les élections ont montré que la question de l’insécurité peut être résolue ; c’est notre plus grand espoir qu’elle le soit à brève échéance. En effet, face à une population de plus de huit millions, dont plus de trois millions mobilisés pour le scrutin, les cinq mille agents de la Police Nationale d’Haïti et les huit mille hommes de la MINUSTAH auraient d’énormes difficultés à faire régner la paix sans un généreux élan de cœur de la population. Là où les agents de l’ordre se faisaient désirer, les électeurs ont eux-mêmes discipliné le processus, permettant ainsi à tout citoyen de sa volonté à travers le bulletin de vote.

Troisièmement, la presse et des organisations de la société civile ont fait une contribution précieuse à ce succès. Elles ont été à la fois thermomètres et thermostats, ce qui a aidé le Conseil Electoral Provisoire à prendre des décisions opportunes pour corriger certaines déficiences au niveau opérationnel.

Comme vous le savez, le Conseil Electoral en est à compter les votes. Les résultats déjà postés révèlent une nette avance du candidat du Groupe Lespwa, l’ancien Président René Préval, suivi selon les cas par l’ancien Président Leslie Manigat ou l’homme d’affaires Charles Baker. Jusqu’à présent, le comptage se poursuit dans des conditions de transparence, d’ordre. Au-delà du résultat du scrutin, la nation attend les fruits que devront produire ces semailles électorales, à savoir la paix, la réconciliation, le progrès socio-économique, la modernisation politique et la prospérité.

Le Gouvernement de transition, fort de la coopération internationale, a pu accomplir sa mission d’organiser les élections et de remettre le pouvoir au gouvernement issu du souverain au mois de mars prochain. Je voudrais exprimer ici la satisfaction et la gratitude du Président intérimaire Alexandre Boniface et du Premier Ministre provisoire Gérard Latortue, ainsi que tout l’appareil gouvernemental.

Le chemin qui a conduit au 7 février 2006 n’aurait pas été possible sans l’accompagnement efficace de la communauté internationale. Néanmoins, nous devons nous rappeler que cette date constitue davantage un point de départ qu’un aboutissement. Le soutien international et la vigilance démocratique ne doivent pas suivre un mouvement de yo-yo, car la démocratie haïtienne sera ainsi privée de la constance d’un précieux catalyseur. Par contre, si l’accompagnement va croissant, alors nous tournerons ensemble une page de turbulences pour entrer dans une ère de sérénité et d’application effective des valeurs républicaines.

Madame la Présidente,

Je voudrais vous remercier pour l’initiative qui consiste à organiser aujourd’hui une séance en vue de permettre au Secrétaire Général de l’OEA de nous faire part dans un délai rapide du processus électoral en Haïti. A la demande du gouvernement d’Haïti, notre organisation a joué un rôle de tout premier plan dans la tenue des ces élections. Permettez que je salue le dévouement manifesté par le Secrétaire Général José Miguel Insulza, le Secrétaire Général Adjoint, Albert Ramdin, lesquels ont travaillé avec passion et efficacité. Je voudrais saluer également la contribution de l’ancien Secrétaire Général adjoint, Mr Luigi Einaudi, qui fut le grand architecte de la participation de l’OEA dans le processus électoral haïtien.

En moins d’une année à la tête de l’Organisation, tant le Secrétaire Général que le Secrétaire Général Adjoint ont effectué de nombreuses visites en Haïti et ont mis tout leur poids dans la balance pour s’assurer que le processus se réalise dans des conditions favorables pour tous et surtout conformes à l’intérêt du peuple haïtien qui a pu, en toute liberté, exprimer sa volonté démocratique dans le choix de ses dirigeants.

Nos remerciements vont aussi à tous nos partenaires internationaux, notamment l’Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, les Etats-Unis d’Amérique, El Salvador, le Guatemala et l’Uruguay, pour avoir facilité une transition sans heurts et pour avoir rendu possible le déploiement de la MINUSTAH en Haïti. Nos remerciements vont également aux pays et organisations qui ont dépêché des observateurs en Haïti à cette occasion.

C’est notre grand souhait que se poursuive le travail de l’OEA en Haïti, afin que l’organisation continue de contribuer à l’ancrage de la culture démocratique dans les mœurs et l’agir politique en Haïti. Car, du renforcement de notre culture de liberté, d’égalité, de fraternité et d’union, resurgira pour la plus belle, le pays qui a été pendant très longtemps la perle des Antilles.

Merci