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Communiqué de presse


LA CIDH DÉPLORE L’ESCALADE DE LA VIOLENCE EN HAÏTI

  23 juin 2005

La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) exprime sa profonde préoccupation face à l’escalade, au cours de ces derniers mois, de la violence dans la République d’Haïti qui continue de causer des pertes de vies humaines sur une base quotidienne, et qui a presque paralysé les activités ordinaires des Haïtiens, particulièrement de ceux qui vivent dans la capitale, Port-au-Prince.

La Commission a reçu des informations concernant plusieurs graves incidents de violence dont beaucoup ont été perpétrés dans des confrontations entre les bandes armées illégales et les membres de la Police nationale haïtienne qui ont causé la mort de nombreux civils pris dans les échanges de coups de feu. Au cours de ces derniers mois, la capitale haïtienne a été également aux prises avec une vague de violents incidents, en particulier des enlèvements, des attaques dirigées contre les membres du gouvernement de transition, les membres du secteur des affaires, les membres de la Police nationale haïtienne, et beaucoup d’autres. Les multiples enlèvements quotidiens, la nature généralisée de ces incidents, et un nouveau phénomène de ciblage des enfants pour des enlèvements sont tout autant de témoignages du nouveau degré de gravité de cette vague de violence.

La Commission condamne ces actes de violence. Bien qu’elle note que certaines mesures sont adoptées en vue d’assurer une plus ferme prise en mains de la situation, comme la création d’une unité spéciale au sein de la PNH chargée d’enquêter sur les enlèvements, et le lancement d’une ligne téléphonique ouverte sans interruption pour dénoncer les incidents criminels à la Police civile de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), la Commission interaméricaine des droits de l’homme estime que le Gouvernement haïtien, en collaboration avec la communauté internationale, doit faire face à la situation actuelle d’insécurité de manière décidé. Comme elle l’a observé auparavant, ceci requiert, en fin de compte, une application rigoureuse d’un plan intégral de sécurité et de désarmement. En l’absence de mesures immédiates et résolues pour mettre un frein à cette violence, la Commission craint que les élections prévues à l’automne prochain, qui revêtent une importance si vitale pour la stabilité et le progrès du pays seront compromises. Sur cette toile de fond, la Commission est encouragé par la décision prise par le Conseil de Sécurité des Nations Unies dans la résolution 1608 (2005) d’augmenter le nombre des membres des forces armées de la MINUSTAH et des membres de la police civile.

La Commission est toujours préoccupée par les informations qu’elle a reçues concernant des arrestations et des détentions arbitraires, ainsi que des périodes prolongées de détention provisoire dans le pays. Dans ce contexte, la Commission renouvelle sa préoccupation pour le long retard mis par le système judiciaire en Haïti pour mener une enquête opportune sur l’affaire Yvon Neptune, et pour déterminer la légalité de son arrestation et de sa détention. La Commission souligne que l’article 7 de la Convention américaine relative aux droits de l’homme consacre l’interdiction des arrestations et de la détention arbitraires, et réitère l’obligation de l’État d’assurer que les efforts visant à enquêter sur les crimes et à engager des poursuites contre leurs auteurs se déroulent selon des procédures prouvées justes et efficaces qui sont conformes aux normes internationales du respect de l’État de droit.

La Commission continuera à suivre étroitement les événements en Haïti, et à fournir une assistance dans sa sphère de compétence pour relever les défis auxquels Haïti et son peuple doivent faire face.

Washington, D.C., le 23 juin 2005

Référence : CIDH-F2205