25 ans après la création du poste de rapporteur, le rapporteur et les anciens rapporteurs de l'OEA sur la liberté d'expression expriment leur profonde inquiétude face à la violence et aux meurtres de journalistes.

Les anciens Rapporteurs Spéciaux pour la Liberté d'Expression, Santiago Canton, Eduardo Andres Bertoni, Ignacio Alvarez, Catalina Botero et Edison Lanza, ainsi que l'actuel Rapporteur Spécial Pedro Vaca, réunis à l'Organisation des États Américains (OEA) à Washington DC,

  1. Nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire du Bureau du Rapporteur Spécial sur la Liberté d'Expression (RELE) ;
  2. Nous affirmons que le droit à la liberté d'expression et à la démocratie sont des droits inaliénables des peuples des Amériques, dont le lien étroit doit être respecté et garanti par les États de l'OEA.
  3. Nous exprimons notre profonde inquiétude face à l'escalade de la violence et à la poursuite des attaques et des assassinats de journalistes dans la région, qui compromettent la qualité de la démocratie.
  4. Nous réitérons l'importance fondamentale du RELE pour le renforcement de la démocratie et de la liberté d'expression dans la région.
  5. Nous soulignons la nature particulière et permanente du RELE et son indépendance comme une réussite institutionnelle qui lui a permis de suivre et d'informer, d'un point de vue technique, le travail des organes du système et des États sur l'application du droit à la liberté d'expression avec le dynamisme que la problématique exige.
  6. Nous exhortons les États et la société civile des Amériques à renforcer le mandat et l'indépendance de la RELE et à renouveler leur engagement en faveur de la liberté d'expression, de l'accès à l'information et de la transparence, qui sont les pierres angulaires de toute société démocratique ;
  7. Nous rappelons que, créé en raison de la préoccupation des États concernant la violence à l'encontre des journalistes, le RELE a joué et continue de jouer un rôle important dans la région et au sein de la CIDH, en définissant des normes et des principes qui mettent en évidence la nature transversale de ce droit. Le RELE définit les normes techniques qui sont ensuite adoptées par les plus hautes juridictions régionales et locales en la matière.
  8. Nous soulignons qu'au cours de nos mandats, nous avons travaillé avec des journalistes, la société civile, des représentants de l'État, le secteur privé et le monde universitaire, par le biais de rapports, de visites et de suivi, de décisions et de mesures de précaution, afin d'élargir les contours de la liberté d'expression dans les États de la région ;
  9. Nous rappelons qu'au cours de cette période, des lois ont été abrogées et des articles constitutionnels violant la liberté d'expression ont été réformés, des institutions ont été créées pour lutter contre l'impunité des crimes commis contre les journalistes, des normes ont été élaborées et des institutions ont été créées pour garantir la transparence et l'accès à l'information, et des outils et des politiques publiques ont été élaborés pour garantir l'exercice de ces droits dans leurs dimensions individuelles et collectives.
  10. Nous sommes très préoccupés par le fait que, malgré les progrès accomplis, il est alarmant de constater que les principaux défis qui ont conduit à la création de RELE et qui semblaient avoir été surmontés, persistent et se sont même aggravés.
  11. Nous constatons que la région connaît une détérioration marquée de la liberté d'expression et une escalade exponentielle de la violence et de l'intolérance, en particulier à l'encontre des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme et des opposants.
  12. Nous constatons qu'au cours de nos mandats, nous avons enregistré 517 meurtres et d'innombrables agressions de toutes sortes. La grande majorité d'entre eux restent impunis.
  13. Nous enregistrons également d'innombrables journalistes emprisonnés et contraints à l'exil, des menaces, des stigmatisations, des campagnes de diffamation et des persécutions judiciaires à l'encontre de journalistes et d'activistes qui, au lieu d'être solutionnées par des États solidement engagés dans la recherche de solutions, sont souvent exacerbées par l'État lui-même et ses agents publics.
  14. Nous exprimons la nécessité de continuer à travailler au sein du RELE pour faire face aux nouveaux défis qui accompagnent le développement technologique.
  15. Nous dénonçons la violence à l'encontre des voix dissidentes, des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes et des travailleurs des médias, qui contribue à une détérioration alarmante de la démocratie.
  16. Nous appelons les États, la société civile, les médias et les journalistes à renouveler leur engagement en faveur de la démocratie et de la liberté d'expression et à continuer à coopérer avec le RELE pour lutter contre la violence et mettre fin à l'impunité.