Washington, D.C. En commémoration de la Journée mondiale de l'eau, le Bureau du Rapporteur Spécial sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux (REDESCA) de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) appelle instamment à l'adoption de mesures efficaces et différenciées pour garantir un accès équitable à l'eau potable et à l'assainissement dans la région. Cette nécessité est renforcée par les défis croissants imposés par le changement climatique et les activités des entreprises, qui menacent l'approvisionnement en eau suffisante, sûre et abordable pour toutes les personnes, et en particulier pour les groupes en situation de vulnérabilité et/ou de discrimination historique.
Les données de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) indiquent que, en 2023, près d'un quart de la population d'Amérique latine et des Caraïbes souffrait d'un manque d'accès à l'eau potable, et deux tiers ne disposaient pas de services d'assainissement adéquats. Cette crise était accentuée dans les secteurs à faibles revenus et très vulnérables, et était exacerbée par le changement climatique, qui avait intensifié la pénurie d'eau, augmentant les risques associés aux événements météorologiques extrêmes.
REDESCA exprime son inquiétude quant à la pénurie d'eau résultant de l'exploitation intensive des ressources naturelles, soulignant la priorité alarmante accordée à l'utilisation commerciale de l'eau par rapport à la consommation humaine. Cette dynamique a entraîné la surexploitation et la contamination des sources d'eau, des conflits socio-environnementaux et un impact disproportionné sur les peuples autochtones, les personnes d'ascendance africaine, les femmes et les jeunes filles, les communautés paysannes, entre autres.
La violation du droit à l'eau et à l'assainissement constitue une menace sérieuse pour la concrétisation d'autres droits de l'homme, notamment les droits à l'alimentation, à la santé, à l'intégrité de la personne, à la vie et à un environnement sain. Pour y répondre, le REDESCA a intégré dans son Plan de travail 2024-2026 « Un agenda hémisphérique pour les DESCA », axé sur la protection et la garantie de l'accès à l'eau, le renforcement des politiques inclusives et la promotion de pratiques durables.
Face à cette situation, le REDESCA exhorte les États de la région à mettre en œuvre des actions immédiates et concrètes pour garantir un accès équitable au droit à l'eau et à l'assainissement. Il est crucial d'adopter des pratiques de gestion durable de l'eau ainsi que des politiques efficaces pour atténuer les effets de la crise climatique. Les droits de l'homme doivent prévaloir sur les intérêts économiques, en donnant la priorité à des mesures efficaces pour remédier et réduire les inégalités en matière d'accès à l'eau, en accordant une attention particulière aux groupes vulnérables.
Le Bureau du Rapporteur Spécial sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux est un bureau créé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) en vue de renforcer la promotion et la protection des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux dans les Amériques, et de diriger les efforts de la Commission dans ce domaine.
La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.
No. RD056/24
10:00 AM