La lettre originale du Secrétaire Général Almagro est disponible ici.
J’ai l’honneur de vous exprimer par la présente mes sentiments les plus sincères de solidarité avec votre peuple et votre pays.
Permettez-moi de vous exprimer nos condoléances et notre solidarité avec les victimes et nos profondes sympathies pour les souffrances que connaissent les Haïtiens suite au passage de l’ouragan Matthew.
Je vous réitère que l’Organisation des États Américains est prête à coopérer avec le peuple et le Gouvernement haïtien face aux enjeux humanitaires, économiques, politiques et sociaux qui viennent mettre la République d’Haïti à l’épreuve..
Aujourd’hui, nous devons redoubler d’efforts. La crise humanitaire à laquelle fait face à nouveau Haïti doit trouver les citoyens et le Gouvernement animés de la même force morale avec laquelle votre peuple a pu lancer la première révolution dans le monde qui a consacré l’égalité de tous les hommes.
Dans des moments comme ceux-ci qui malheureusement se sont répétés dans l’histoire de votre pays, nous reconnaissons la nécessité pour le Gouvernement haïtien d’orienter tous ses efforts vers la compensation des victimes et de leurs familles, à la relance et la reconstruction des peuplements et des zones affectées.
De surcroît, nous faisons nôtre votre demande d’appui adressée à la communauté internationale face à cette situation qui, en raison des conditions de vulnérabilité extrême, requiert une réponse immédiate et résolue de la part de tous les acteurs et à tous les échelons de la vie haïtienne.
Par erreur, omission et manque de réponse par le passé, nous devons tous assumer une part de responsabilité pour les déficiences et les difficultés que connait aujourd’hui le peuple haïtien.
C’est pourquoi il est impératif qu’à la lumière de la responsabilité qui revient à tous au sein de la communauté internationale, nous nous mettons immédiatement à votre disposition nos meilleures capacités de coopération. En premier lieu, en matière de santé publique, pour la prévention et la lutte contre les épidémies comme celle de choléra, facteur qui nous fait durement ressentir la responsabilité qui incombe à la communauté internationale dans les malheurs qui accablent votre peuple. Il n’y a rien de plus urgent que protéger le droit à la vie et à la santé des Haïtiens, plus spécialement dans les moments de grande vulnérabilité.
L’OEA apprécie l’aide généreuse déjà accordée à Haïti, ainsi que la riposte rapide de quelques pays et organisations internationales qui sont arrivés dans le pays.
Sans préjudice de ce qui précède, pour que l’aide puisse s’avérer réellement utile pour la reconstruction des infrastructures et le renforcement des capacités, il est urgent de donner la priorité à la continuité du processus électoral en tant que moteur essentiel du changement et de la démocratisation en Haïti.
Nous appuyons en ce sens l’engagement envers la démocratie et la démocratisation que vous avez démontré lors de l’élaboration du calendrier électoral.
L’aide internationale doit être au service de la démocratisation ; elle doit être canalisée à travers des mécanismes et institutions politiques capables de garantir l’accès aux droits dans des conditions d’égalité pour tous les Haïtiens.
La solidarité internationale doit contribuer à épauler la lutte contre la corruption également, et non pas à l’exacerber. La solidarité doit être consolidée par plus de justice, par l’accès aux droits et à l’équité et elle doit être axée sur des filières institutionnelles démocratiques.
Comme l’a dit l’organisation Transparence internationale, “la corruption dans l’aide humanitaire est la pus condamnable de toutes les formes de corruption, étant donné qu’elle prive les secteurs démunis les plus vulnérables – les victimes de catastrophes naturelles et les conflits civils – de ressources essentielles et nécessaires à leur survie ».
Ce n’est que par le renforcement de la démocratie et la croissance des institutions haïtiennes que l’on pourra parvenir à créer de vraies garanties d’accès aux droits qu’exige le peuple.
Un système politique garant des droits de la personne qui permette l’édification d’une société résiliente ne peut être conçue que sur la base d’une démocratie institutionnelle issue du légitime exercice de la souveraineté populaire au moyen d’élections libres et justes.
C’est pourquoi l’OEA a été présente par le truchement de sa Mission d’observation des élections en Haïti, parce qu’elle remplit le rôle de garant de la démocratie dans le Continent américain, comme le prescrivent sa Charte fondamentale et la Charte démocratique interaméricaine.
C’est dans cette perspective que s’est prononcé le Chef de la Mission d’observation, l’Ambassadeur Juan Raul Ferreira, lorsqu’il a reconnu la décision du Conseil électoral provisoire de reporter les élections en raison de la situation critique que vit le pays après le passage de l’ouragan Matthew; mais il a réitéré son engagement envers la continuité électorale et le processus démocratique haïtien. .
Monsieur le Président, l’OEA assume sa responsabilité partagée et renouvelle son appui au peuple et au Gouvernement de votre pays ainsi qu’à la poursuite des travaux dans le cadre d’un processus électoral qui, à la lumière de la volonté du peuple exprimée par les urnes, pourra légitimer la démocratie institutionnelle garantissant l’accès aux droits de tous les Haïtiens.
Je saisis cette occasion pour vous renouveler, Monsieur le Président, les assurances de ma très haute considération.