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Speeches

REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’OÉA, DAVID LEE, CHEF DE LA MISSION SPÉCIALE DE L’OÉA
SÉMINAIRE SUR LE DÉSARMEMENT CÉRÉMONIE D’OUVERTURE

28 octobre 2002 - Port-au-Prince


Monsieur le Premier Ministre
Messieurs les Ministres du Cabinet
Messieurs les Présidents du Sénat et de la Chambre des Députés
Mesdames, Messieurs les autres représentants des élus du pays
Mesdames, Messieurs les hauts fonctionnaires de l’État
Mesdames, Messieurs les représentants de la Police Nationale d’Haiti
Distingués ambassadeurs et autres représentants de pays amis
Représentants de l’ONU et de l’OÉA
Participants et Visiteurs qui viennent de près et de loin
Mesdames, Messieurs,


Il me fait un très grand plaisir de vous accueillir ce matin en tant que Représentant du Secrétaire Général de l’Organisation des États Américains, à ce séminaire sur un sujet d’actualité très important, le désarmement.

L’Organisation des États Américains est impliquée avec Haiti pour plusieurs raisons: d’abord parce qu’Haiti est un membre fondateur de l’Organisation, et l’OÉA se doit d’avoir une présence ici comme avec tous les états membres. L’OÉA a eu plusieurs missions, programmes et projets en Haiti depuis longtemps.

Avec l’adoption par consensus de la Résolution 806 du 16 janvier 2002, le Conseil Permanent de l’OÉA a créé, à la demande d’Haiti, une Mission Spéciale, comme un des éléments additionnels de cet accompagnement international plus poussé d’Haiti visé par la Résolution. Selon les termes de cette Résolution, la Mission Spéciale était mandatée d’assister Haiti à renforcer sa démocratie dans les quatre domaines de la Sécurité, la Justice, les Droits Humains, et la Gouvernance.

Plus récemment, le Conseil Permanent de l’OÉA a adopté à la demande d’Haiti la Résolution 822. Dans cette Résolution le Gouvernement assume plusieurs engagements, y compris pour des élections et pour la sécurité, et plus spécifiquement l’engagement suivant sur le désarmement, et je cite:

« Renforcer sa politique et ses programmes de désarmement, et dans cette perspective, inviter la communauté internationale à fournir une collaboration active, par l’intermédiaire de la Mission spéciale de l’OÉA, dans le cadre de l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme général de désarmement. »

Et, plus loin, la Résolution constate parmi les engagements du Gouvernement d’Haiti celui de l’ « Élaboration et mise en œuvre d’un programme général de désarmement. »

Dans ce contexte, quel est le but de ce séminaire?

Conçu et mis en marche après l’adoption de la Résolution 822, à la lumière des tâches importantes additionnelles confiées à la Mission Spéciale, ce séminaire représente seulement une partie de ce que la Mission est prête à faire, en coopération avec le côté haitien et à son invitation, pour remplir nos propres obligations dans ce domaine.

Nous reconnaissons que la question des armes et du désarmement dans ce pays a une histoire particulière—troublante même. Nous devons reconnaître que c’est une question nationale, mais avec des spécificités locales significatives. Nous constatons aussi que le Gouvernement d’Haiti depuis un certain temps fait des démarches dans ce domaine. Il y a des intervenants qui vont nous parler pendant le séminaire de tous ces aspects importants, et d’autres.

Au sein de la Mission Spéciale toute de suite après l’adoption de la Résolution 822, nous nous sommes demandés: comment faciliter le démarrage d’un processus de discussion raisonnée et raisonnable dans ce pays sur un sujet aussi sensible que les armes et le désarmement? Quels sont les éléments clés de cette discussion? Est-ce que l’expérience internationale peut y apporter quelque chose, des leçons soit positives soit négatives? Y’a-t-il un élément régional, lié au commerce des armes, à la drogue? Comment nous assurer de déboucher sur le concret, et de passer aux actes? Autrement, la discussion est futile. Et, bien sûr, tenant compte de la signification de la date du 4 novembre et le lien aux questions électorales, sommes-nous en mesure d’organiser une rencontre utile, avec une présence internationale valable, dans une période de temps si courte? Vous serez les juges de cette question à la fin de nos séances!

Mais d’ores et déjà, les réponses à un certain nombre de questions sont claires. Il y a un très grand intérêt dans ce sujet: vous voilà ici tellement nombreux! Et à un niveau encourageant de leadership. Les intervenants internationaux que nous avons pu attirer sont d’un calibre et d’une diversité remarquables. À tous ceux qui ont accepté de venir de très loin afin de nous faire partie de leurs expériences, un très grand merci!

Vous aurez noté que nous vous présentons lors du séminaire un échantillon des expériences non seulement de cet hémisphère, mais aussi du reste du monde. Étant donné les connaissances et la réflexion des Nations Unies dans ce domaine, tant au niveau intellectuel et d’encadrement que dans la pratique, nous sommes particulièrement reconnaissant à Adama Guindo, et à ses collaborateurs et collaboratrices du système des Nations Unies et spécialement du PNUD, pour leur appui moral, financier et de substance. C’est une coopération que nous voulons maintenir.

Nous sommes aussi endettés à tous ceux de la scène locale qui ont accepté de nous livrer de leur sagesse et de leurs réflexions sur un sujet épineux et même controversé. Nous voulons saluer la présence ici des représentants à tous les niveaux du Gouvernement d’Haiti—et des autres secteurs de la vie haitienne. Nous n’avions pas la possibilité d’inclure formellement dans le programme tous ceux qui aurait pu nous offrir une contribution valable, mais nous espérons que les périodes de questions et de discussions vont permettre à tous et à toutes la possibilité de participer.

À cet égard il me fait plaisir de remercier nos deux modérateurs: aujourd’hui, Jean Jacques Lemay, jusqu’à récemment un très haut gradé de la Gendarmerie Royale du Canada, qui a beaucoup d’expérience dans cette région, et qui est maintenant le responsable pour le dossier du désarmement au sein de la Mission Spéciale; et, demain, Arnold Antonin, du Centre Pétion Bolivar, animateur du Forum Libre du Jeudi, et bien connu de tout le monde ici.

Encore un mot concernant l’équipe qui a su mettre en place les arrangements pour ce séminaire : ils ont beaucoup fait avec peu de ressources dans un laps de temps trop court. Nous en sommes très reconnaissants. Et à cet égard je dois souligner le travail très spécial de notre collègue à la Mission, Franck Skzryerbak, avec sa longue expérience d’Haiti, ses connaissances riches dans le domaine de la sécurité et du désarmement et ses capacités remarquables de gestion et de motivation; malheureusement après tant d’effort il a dû s’absenter du pays toute cette semaine.

J’espère que les délibérations des deux prochains jours nous permettront de tracer un parcours permettant de mettre en place un partenariat visant à élaborer un plan stratégique non seulement réaliste mais viable pour le désarmement en Haïti. C’est là notre objectif !

Comment peut-on aborder le problème de façon systématique, préparer un plan vraiment national et bien étoffé, et assurer des résultats concrets et durables? Y’aura-t-il lieu de considérer la mise en place d’un comité conjoint entre le Gouvernement d’Haiti et la Mission Spéciale à cette fin? Devons-nous réfléchir sur l’à propos d’un organisme consultatif au niveau national, tel qu’on a créé dans d’autres pays, avec des composants des différents acteurs, secteurs et régions affectés, afin d’aider avec la mise en application d’un programme national?

Tant de questions à discuter pendant ce séminaire! Et il y’en a d’autres:

· La Constitution haitienne permet la possession d’armes légales. Est-ce que la définition et l’encadrement juridiques sont appropriés pour nos jours? La structure actuelle pour la gestion des armes, et la formation du personnel, sont-elles adéquates, y compris au sein de la PNH?
· Combien d’armes illégales sont présentes en Haiti? Elles se trouvent dans quels endroits et sous quelles conditions?
· Pourquoi y’a-t-il tant d’armes illégales? Elles répondent à quels besoins et buts?
· Si le désarmement est une question nationale, quelles sont ses spécificités locales—au niveau des quartiers urbains, au niveau des municipalités rurales? Quel est le rôle des compagnies de sécurité?
· Comment assurer la sécurité de ceux qui déposent leurs armes?
· Des personnes—peut-être beaucoup dans certaines régions--ont utilisé leurs armes comme un gagne-pain, pour eux et pour leurs familles. Comment traiter de façon réaliste et pratique cet aspect économique de la problématique? Comment éviter que ceux qui remettent leurs armes n’aient pas d’alternative légale?
· Y’a-t-il un rôle pour une sorte d’amnistie limitée qui accorderait sursis à ceux qui cèdent leurs armes volontairement?
· Comment assurer la destruction transparente et vérifiée des armes remises?
· Est-ce qu’il y a des actions ponctuelles et concrètes qui peuvent ou doivent être prises même avant de finir l’élaboration du plan national?
· Un projet pilote peut-il jouer un rôle utile? De quelle sorte? Ou?
· La volonté générale constituant la base de toute action dans ce domaine, comment faire pour entourer tous ces efforts d’un programme d’éducation publique, utilisant les média, afin d’engendrer un appui massif de la population pour la campagne, et ce à tous les niveaux?
· Quel est le niveau d’accompagnement de l’international qui serait approprié et voulu par les Haitiens?
· Et, et non la moins importante question, comment financer un tel programme?


Merci de votre attention.