Bureau de Presse à la CIDH
Washington, D.C. - La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) condamne le massacre survenu à Canaan, une province au nord de la capitale Port-au-Prince, et exhorte l'État à enquêter sérieusement et impartialement sur ce qui s'est passé, à punir les auteurs matériels et intellectuels et à accorder des réparations aux victimes et à leurs familles.
Le 26 août 2023, des bandes armées ont tiré sur un groupe de personnes participant à une marche contre l'insécurité et la violence dans le pays. Les attaques auraient tué au moins 7 personnes et en auraient blessé plus de 10. De même, il y a été signalé l'enlèvement de manifestants par l'une des bandes armées, sans savoir où se trouvaient ces personnes à ce jour.
La Commission a attiré l´attention sur la recrudescence de la violence due aux actions des bandes armées en Haïti et aux activités criminelles, telles que les enlèvements, les homicides, la violence sexuelle et sexiste, qui aggravent la vulnérabilité des personnes, ainsi que l'impunité persistante.
Dans le rapport de la CIDH sur la situation des droits de l'homme en Haïti, elle prévient que la détérioration de la sécurité des citoyens dans le pays représente un défi historique et complexe pour la protection et la jouissance des droits de toutes les personnes. Dans ce contexte, un rapport du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) indique qu'au moins 846 personnes ont été tuées, 393 blessées et 395 enlevées au cours du premier trimestre de cette année.
D'autre part, la Commission observe avec inquiétude l'augmentation du nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays en raison de la situation d'insécurité, de l'affaiblissement des institutions et de la crise politique dans le pays. À cet égard, l'Organisation internationale pour les migrations a averti sur une augmentation significative du nombre de personnes déplacées à l'intérieur de la capitale d´ Haïti, qui ont dû abandonner leur logement et résident actuellement dans des camps improvisés, dans des conditions insalubres et extrêmement vulnérables.
La CIDH rappelle également la situation de vulnérabilité particulière des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays et réitère à l'État la nécessité d'adopter des mesures législatives et des politiques publiques pour prévenir et atténuer les facteurs de déplacement interne forcé, y compris en coopération avec les institutions internationales spécialisées.
Compte tenu de ce qui précède, la Commission rappelle le devoir de l'État d'établir une politique publique pour faire face à la grave crise d'insécurité ; ainsi que d'enquêter et de punir les actes de violence conformément aux normes interaméricaines.
Dans ce contexte, la CIDH prend note de la Résolution 2692 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, du 14 juillet 2023, qui exhorte les autorités à s'attaquer de manière globale et urgente aux causes de la violence. Notamment, à travers le renforcement de l'état de droit, les programmes de réduction de la violence et des programmes spécifiques, entre autres contre la gestion des armes et des munitions.
La Commission interaméricaine réitère son appel à l'État et à la communauté internationale pour qu'ils recherchent des solutions globales et durables à l'aggravation de l'insécurité des citoyens et à l'impunité persistante concernant les violations des droits de l'homme; en particulier, les droits à la vie, à l'intégrité et à la liberté personnelle.
La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États américains (OEA), dont le mandat découle de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme dans la région et agit en tant qu'organe consultatif auprès de l'OEA en la matière. La CIDH est composée de sept membres indépendants qui sont élus par l'Assemblée générale de l'OEA à titre personnel et qui ne représentent pas leur pays d'origine ou de résidence.
No. 216/23
5:10 PM