Discours et autres documents du Secrétaire général

OUVERTURE DE LA QUARANTE-DEUXIÈME SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

3 juin 2012 - Cochabamba, Bolivia

Mes premières paroles seront, Monsieur le Président, pour vous remercier, au nom de l'Organisation des États Américains, des importants efforts que vous, Monsieur le ministre des affaires étrangères, et tout le Gouvernement de l’État plurinational de Bolivie ainsi que les autorités de cette belle ville et le grand peuple bolivien ont déployés pour le déroulement fructueux de la Quarante-deuxième Session ordinaire de l'Assemblée générale que nous inaugurons aujourd’hui.

J’adresse à tous un remerciement spécial pour l'accueil et les marques d’attention dont nous avons été l’objet ainsi que l'intérêt que vous avez manifesté à l'égard de nos travaux, depuis la simulation de l'Assemblée générale réalisée avec des étudiants d'université de plusieurs pays du Continent américain jusqu'à l'événement TIC Americas de nos entrepreneurs, en passant par les réunions avec la société civile, les travailleurs, le secteur privé et les jeunes que nous avons eues ce matin. Je vous remercie également de la qualité des installations, décorées avec la beauté naturelle qui caractérise l’art et la culture de ce pays, et qui rehausse par ailleurs le thème central de notre Assemblée.

S'il est courant que la presse et l'opinion publique de nos pays s'intéressent à notre Assemblée générale, l'attention qui lui a été prêtée durant les journées précédentes en Bolivie et dans plusieurs pays du Continent va bien au-delà de la coutume.

C'est là un étrange paradoxe: alors que certains parlent d'en finir avec l'OEA, "de dépasser l'OEA" ou parlent d'une OEA sans certains membres ou d’autres, ceux qui y ont recours sont de plus en plus nombreux, sachant qu'ils y trouveront toujours un espace de dialogue, un lieu où, même lorsque toutes leurs inquiétudes ne peuvent être aplanies, elles seront au moins entendues et connues.

Il suffit de jeter un coup d'œil sur les résultats de la réunion avec la société civile, le concours de talent parmi les jeunes et nos missions d'observation des élections qui, loin de diminuer, augmentent chaque année. Il suffit d’identifier quelle est l'institution continentale d’où est issu le droit des Amériques, dépositaire de plus de 200 traités internationaux et de plus de 6000 accords bilatéraux de coopération, ce qui constitue l'un des patrimoines juridiques les plus riches. Nous pouvons encore mentionner le nombre de pays qui ont eu recours à l'OEA sur la base de notre Charte démocratique interaméricaine; s'enquérir du nombre de cas actuellement devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme ou la Cour ou vérifier comment, dans un pays, on demande à l'OEA de garantir un Pacte contre la violence souscrit entre les bandes armées en vue de réduire la criminalité, tandis que dans un autre pays, des initiatives sont prises pour intégrer les efforts de réforme du système national de sécurité. Il faut aussi remarquer comment le Belize et le Guatemala se préparent à rechercher un règlement à leur différend historique à la lumière d'un processus encouragé par l'OEA, sans oublier de mentionner la tâche réalisée par notre Mission dans la zone jouxtant la frontière entre ces deux pays. Mentionnons aussi la très importante activité de notre Mission d'appui au processus de paix en Colombie, qui est d’une bien plus grande envergure, ou encore nos efforts actifs de déminage.

Ou encore le fait que notre Commission interaméricaine des femmes renforce toujours plus son rôle de vérification de la mise en œuvre de la Convention de Belém do Para sur l'élimination de la violence contre la femme et dans la promotion de normes et de politiques publiques qui garantissent l'accès de la femme à l'emploi dans des conditions d'égalité effective. On a procédé à l'élaboration du registre de l'état civil en Haïti et dans d'autres pays pendant que s’accroissent les activités de notre réseau de protection sociale. Les peuples autochtones participent activement aux discussions sur la déclaration interaméricaine relative à leurs droits, alors qu’un grand nombre d'entrepreneurs prennent part chaque année au forum sur la compétitivité, et que les étudiants qui suivent des études supérieures et pré-universitaires bénéficient de bourses de l'OEA, grâce à l’utilisation de plus en plus rationnelle et diversifiée de nos ressources. Des milliers de personnes visitent chaque jour le Portail éducationnel; tandis que des milliers de facilitateurs judiciaires agissent dans plusieurs pays du Continent. De plus en plus de pays demandent à être évalués par notre Mécanisme de suivi de la Convention interaméricaine contre la corruption (MESISIC) tandis que s’achève au Paraguay, en marge de cette Assemblée, une réunion sur la coopération judiciaire et l'extradition.

Il reste encore beaucoup à dire, mais il ne s'agit pas ici d'un inventaire et je m'excuse de ne pas citer les nombreuses autres activités.

Le rôle de l'OEA durant cette décennie

Je crois que pour ces motifs et plusieurs autres, l'OEA continue d'être une institution indispensable, bien que des critiques fondées soient parfois émises en raison de nos limitations et de nos erreurs. Mais notre institution n'est pas la seule, évidemment. Je l'ai dit à plusieurs reprises : nous sommes un continent de régions: les questions d'intégration économique sont mieux gérées au sein de la CARICOM, du SICA, de l'UNASUR, du MERCOSUR ou de la CAN. Il y a des activités que des pays contigus mènent de manière plus efficiente dans leur espace, ainsi que d'autres groupements fonctionnels et de dialogue qui jouent également un rôle important. Les pays peuvent avoir de multiples affinités et faire progresser des aspects importants dans le cadre de partenariats souples entre quelques-uns d'entre eux. Nous voulons non seulement coexister avec toutes ces institutions ou forums, mais aussi coopérer activement en quête de valeurs communes.

L'OEA dispose d'espaces de portée continentale, que ce soit en vertu de leur nature propre, ou parce nous les avons repris à notre compte depuis bien longtemps. Nous jouissons indubitablement d’avantages comparatifs pour mettre en œuvre nos activités.

En réalité, le meilleur diagnostic émis à l'égard de notre Organisation est celui qui nous appelle à concentrer nos activités. Pour la troisième année consécutive, notre Commission des vérificateurs extérieurs nous met en garde pour nous dire que, compte tenu des ressources dont nous disposons, nous ne pouvons exécuter nos mandats. Il ne s'agit pas seulement de mieux gérer, ce qui bien sûr, doit toujours être fait, ou même de réaliser le plus d’économies. Le non-versement de quotes-parts n’est pas non plus généralisé, même si parfois, les arriérés de paiement nous portent préjudice. Le problème réside dans le fait que nos ressources et les contributions que nous recevons chaque année ne suffisent pas pour réaliser toutes les tâches que l'Assemblée générale, au moyen de mandats spécifiques, nous a ordonné d’accomplir.

C'est pourquoi j'ai proposé au Conseil permanent de l'Organisation d'adopter une stratégie focalisée essentiellement sur les quatre axes qui sous-tendent le développement historique de l'OEA: démocratie, droits de la personne, paix et sécurité et développement intégré. Je prends la liberté de réitérer ce que j'ai exposé dans le document présenté au sujet de ce qui serait, à mon avis, les tâches prioritaires de notre Organisation:

En premier lieu, la préservation, le renforcement, la défense et l'élargissement de la démocratie, principalement sur les bases des mandats contenus dans la Charte de l'OEA même, dans la Charte démocratique interaméricaine, dans la Convention interaméricaine contre la corruption et dans les multiples résolutions afférentes qui ont été adoptées, surtout depuis les années 80.

Cet objectif inclut le suivi des mandats issus de notre Charte démocratique; la réalisation des missions d’observation des élections; l'appui aux États membres désireux d'améliorer leurs régimes électoraux; le Mécanisme de suivi de la Convention interaméricaine contre la corruption; la prévention et la gestion des crises; l'élaboration de programmes de renforcement des institutions démocratiques dans les États membres.

En deuxième lieu, la défense et la promotion des droits de la personne, sur la base des mandats contenus dans la Convention américaine relative aux droits de l’homme, le Protocole de San Salvador, la convention de Belém do Pará sur la violence contre la femme, la convention sur les personnes handicapées, la Convention sur l’enfance. Il inclut également le renforcement des activités de la Commission et de la Cour interaméricaines des droits de l’homme, les activités de suivi de la Convention de Belém do Pará (MESECVI), enfin les activités du Secrétariat général ayant trait à toutes les formes de discrimination contre les groupes vulnérables : les populations autochtones et d'ascendance africaine, les migrants et les personnes handicapées.

En troisième lieu, la préservation de la paix et de la sécurité à travers le continent, principalement sur la base des mandats du pacte de Bogota sur le règlement pacifique des différends et les décisions prises lors de la conférence sur la sécurité multidimensionnelle tenue à Mexico en 2003. Cet élément comprend aujourd'hui, au nombre des activités du Secrétariat général, la lutte prioritaire contre les menaces que fait peser la criminalité organisée sous toutes ses formes et la lutte contre le trafic des drogues. Il comprend également les tâches réalisées par nos missions spéciales en Colombie, en Haïti et dans la zone limitrophe entre le Belize et le Guatemala, ainsi que nos activités de promotion de la paix.

En quatrième lieu, le développement intégré de tous nos États membres, principalement fondé sur la Charte de l'OEA même et la Charte sociale dont nous approuverons le texte durant cette Assemblée même. Cet élément inclut également l'accomplissement des mandats que nous recevons de nos Sommets des Amériques en matière d’éducation, de travail, d'environnement, de protection sociale, de libre-échange et de compétitivité.

Je crois que si nous nous concentrons effectivement sur ces quatre axes et si nous réduisons ou éliminons, aussi pénible qu'une telle décision puisse être parfois, les éléments qui n'ont rien à voir avec la mise en œuvre de ces fonctions, il sera possible de renforcer encore davantage notre action et j'espère qu’au moment de discuter de notre budget lors de notre session extraordinaire au mois d'octobre prochain, nous aurons déjà pris des décisions à ce sujet.

Le Sommet des Amériques et nos responsabilités

La pertinence de cet ordre du jour est devenue évidente à l'occasion de notre récent Sixième Sommet des Amériques tenu à Cartagena de Indias. La croissance de nos pays, même en pleine crise mondiale, a placé notre région dans une situation d'expectative. Cependant, nos dirigeants ont reconnu qu'en vue de maintenir et d'accroitre cette croissance, il est indispensable de surmonter les difficultés qui continuent d'affecter nos sociétés.

Sous la rubrique "Connecter les Amériques pour la prospérité", l'objectif de nos présidents et de nos premiers ministres a été de se colleter aux principaux obstacles qui se posent pour notre région en vue de parvenir à un développement réel et durable, à savoir: le renforcement substantiel de notre infrastructure physique et énergétique; un meilleur usage des technologies modernes de communication dans le développement économique et social; la prise en charge des maux endémiques de la pauvreté et des inégalités; les problèmes de la sécurité publique, les drogues et la criminalité organisée; la recherche de politiques plus efficaces pour faire face à la prévention et l'atténuation des catastrophes naturelles.
En qualité d'institution du système interaméricain, il nous incombe d'assumer les mandats qui émanent de ce Sommet; je me propose d’en traiter ici un certain nombre.

Durant la décennie antérieure, notre région a connu d'importants progrès en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté qui, même si elle accuse des taux inacceptables, a chuté au début de la décennie pour passer de 40 % à environ 31,4 % à la fin de celle-ci. Dans ce contexte, les programmes de protection sociale ont rempli un rôle fondamental. Notre région occupe le premier plan en matière de création et de renforcement des réseaux de protection sociale, y compris les programmes de transfert de revenus et d’alimentation scolaire. Les programmes sont nombreux: Chile Solidario au Chili, Bolsas Familias au Brésil, Oportunidades au Mexique; enfin, 17 pays de la région ont créé ce genre de programmes qui, selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), atteignent plus de 20 millions de personnes, soit 11 % de la population ciblée par ces politiques.

Notre Réseau interaméricain de protection sociale, créé par nos ministres chargés du développement social en 2005 durant une réunion précédant le Cinquième Sommet des Amériques à Trinité-et-Tobago, a été fondamental pour l’échange de données d’expériences et de pratiques optimales, ce qui a permis d’étendre ces politiques à d’autres pays et d’encourager la coopération horizontale entre ceux-ci. Nous comptons agrandir la portée du réseau, de sorte à y inscrire encore mieux les thématiques liées au microcrédit et les décisions issues de cette Assemblée sur la lutte contre la faim et la dénutrition.

Toutefois, si la pauvreté a effectivement diminué, elle a occasionné aussi une pression accrue pour surmonter les inégalités. En effet, notre région est celle où règnent les inégalités les plus profondes dans le monde et le problème a acquis une dimension continentale, dans la mesure où ce phénomène s’est accru également en Amérique du Nord

Le profond engagement pris par l’OEA en faveur du progrès dans l’examen des questions sociales donnera à cette Assemblée générale un impact une impulsion fondamentale avec l’approbation de la Charte sociale des Amériques, un instrument aux termes duquel tous les pays membres déclarent leur engagement envers les peuples de la région et s’engagent à faire le nécessaire pour que le développement économique qu’ils connaissent soit accompagné d’un développement social. À ces fins, notre Organisation est chargée d’approuver dans les meilleurs délais un plan d’action qui mette en œuvre ces importants engagements.

La lutte contre la criminalité organisée a constitué une autre préoccupation majeure des hauts dirigeants qui ont reconnu les réclamations de nos peuples qui sont constamment l’objet d’agression par des bandes armées de délinquants qui ne respectent même pas le droit fondamental à la vie. C’est pourquoi nous nous consacrons activement au suivi des décisions prises à Cartagena à cet égard.

Le problème des drogues dans la région, qui a fait l’objet de discussions très approfondies de la part des chefs d’État et de gouvernement, a donné lieu à l’octroi à l’OEA d’un mandat l’habilitant à élaborer une étude des points forts et des déficiences des différents programmes en application dans la région. Cette étude devra proposer des scénarios possibles à retenir pour une analyse par nos dirigeants de la future marche à suivre avec une stratégie plus complète en la matière. C’est là une tâche qui implique une grande responsabilité et nous accordons à son examen la plus grande priorité et rapidité qu’elle requiert en vue de pouvoir disposer de l’étude achevée dans un délai maximum d’une année. En vue d’atteindre cet objectif, nous prévoyons une large participation d’autres organismes, d’experts, d’institutions de la société civile, de gouvernements des pays membres, de telle sorte que nous puissions disposer des apports nécessaires pour présenter une vision basée sur des faits vérifiables, et d’une utilité réelle pour ceux qui nous ont confié cette tâche.

Le Sommet a pris une décision importante en faveur de la création d’institutions pour examiner, au moyen d’une capacité technique, les phénomènes naturels auxquels nous assistons, surtout en ce qui a trait au changement climatique, et pour coordonner les activités de coopération et élaborer des plans nationaux de prévention. À mon avis, nous avons fait de grands progrès vers l’approbation du plan interaméricain de prévention et d’intervention en cas de catastrophe et de coordination de l’aide humanitaire, un plan élaboré par le groupe de travail des États membres de l’OEA auquel participent des experts de haut niveau des pays et d’organismes internationaux et régionaux. Dans la mesure où il contient des propositions concrètes liées à la gestion du risque et la coordination de l’aide humanitaire internationale dans le cadre de la souveraineté des États et avec une participation active des citoyens, ce plan devrait nous servir de base pour progresser vers l’application des décisions du Sommet en la matière.

Sécurité alimentaire

Le thème choisi par le Gouvernement de la Bolivie pour cette Assemblée est étroitement lié à la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Ce sont ces inégalités qui sont telles que, dans cette région du monde – et je parle ici des Amériques dans leur ensemble, qui produit des aliments en quantité plus que suffisante pour sa propre consommation et qui peut parvenir à être le plus grand fournisseur d'aliments dans le monde, environ 60 millions d’habitants de la région continuent de souffrir de la faim. Plus de 50 millions de personnes souffrent de la faim ou sont victimes d'une forme quelconque de malnutrition car, bien qu’il existe suffisamment d'aliments, la distribution est négative ou les gens ne disposent pas d'assez d'argent pour se les procurer.

Je crois que nous sommes parvenus à un consensus important autour de la nécessité de modifier les modèles les plus durables de production et de consommation, dans un contexte de changement climatique que personne ne peut désormais ignorer. À peu de jours de la Conférence Rio+20, nous avons l'occasion d'approfondir cette corrélation entre sécurité alimentaire et changement climatique et peut-être d'encourager un agenda de développement durable dans les domaines socio-économiques et environnementaux et qui soit d'ores et déjà inclusif.

Cette Quarante-deuxième Session ordinaire de l'Assemblée générale à Cochabamba nous offre une occasion unique de poursuivre les discussions et de réaffirmer notre engagement à surmonter la pauvreté, à promouvoir le développement intégré, la croissance économique avec équité et à réduire le pourcentage de personnes qui souffrent de la faim, tout en garantissant l’adoption de mesures concrètes visant à obtenir une production adéquate, un accès aux aliments et à la consommation de ceux-ci, au bénéfice de tous les citoyens des Amériques.

Droits de la personne

L’une des questions sur lesquelles se penchera cette réunion est le renforcement du système interaméricain des droits de la personne. À ces fins, un Groupe spécial de réflexion a été établi lors de notre dernière session et son rapport, approuvé à l'unanimité par le Groupe et le Conseil permanent, est maintenant devant l'Assemblée qui doit statuer sur sa mise en œuvre. À mon avis, cette question revêt une importance fondamentale. Le rapport présenté au Conseil, dans sa version révisée, est également déposé à la présente réunion. Toutefois, ce document ne contient que des suggestions et des précisions basées sur le rapport du Groupe, parce qu'il incombe à l'Assemblée générale de statuer sur la question.

Nous devons agir tout spécialement avec prudence, parce que la défense des droits de la personne est l'une des principales attributions de cette Organisation. Elle jouit d'un prestige bien mérité en ce qui a trait à la défense des citoyens des Amériques durant les moments durs des dictatures et des guerres internes et elle a continué de fournir des services inestimables durant les décennies récentes. Mais, il est un fait aussi que ces derniers temps, des problèmes se sont posés que nous devons résoudre, non pas au détriment du système, mais pour le perfectionner et le renforcer.

À ces fins, nous devons réunir des consensus de base: premièrement, nous recherchons un système intégral et universel dont doivent faire partie tous les États membres de l'OEA. Ils sont déjà tous membres de la Commission interaméricaine des droits de l'homme qui figure dans la Charte de l'OEA, mais ce n’est pas le cas pour la Cour qui relève de la Convention américaine qui n'a pas été ratifiée par tous les pays. Obtenir l'adhésion pleine de tous les pays au système est un objectif que nos partageons. Deuxièmement, nous voulons également un système au sein duquel tous les pays membres respectent les recommandations de la Commission et reconnaissent le caractère obligatoire des décisions prises par la Cour. Troisièmement, nous voulons un système doté de ressources plus adéquates, en mesure de donner suite sans délais aux plaintes croissantes enregistrées et quatrièmement, nous sommes convaincus que pour être efficaces, les organes du système doivent jouir d'une pleine autonomie dans l'adoption de leurs résolutions.

Obtenir que les pays membres respectent l'autonomie du système, observent ses décisions, contribuent plus adéquatement à son financement et reconnaissent tous sa juridiction, dépend fondamentalement de la crédibilité que lui accordent les pays membres et cela exige un dialogue constant entre tous les acteurs du système. La Cour est un organe judiciaire et doit toujours agir en cette qualité. La Commission n'est pas un tribunal de première instance, mais un organe qui doit être toujours plus ouvert au dialogue direct avec les gouvernements qui font l'objet de cas qui sont déposés devant elle. Elle doit toujours rechercher des solutions amiables, proposer des options, visiter les gouvernements démocratiques et leur octroyer aussi une plus grande crédibilité.

L'OEA et ses pays membres ont besoin d'une Commission et d'une Cour des droits de l'homme qui soient autonomes et fortes. Mais ces organismes doivent aussi tenir compte, dans le cadre de leur rôle, des points de vue des gouvernements démocratiques du Continent américain.

Tout cela requiert du temps et un dialogue, et j'espère que cette Assemblée adoptera, avec la prudence requise, les décisions permettant de poursuivre de manière constructive le processus de renforcement du système entamé par le Groupe de réflexion.


CHARTE DÉMOCRATIQUE INTERAMÉRICAINE

Monsieur le Président, Messieurs les ministres,

La Charte démocratique interaméricaine est l’un des instruments essentiels de notre Organisation et elle continuera de tracer la voie à suivre pour renforcer nos démocraties. Le fait d’être l’un des deux continents démocratiques du monde constitue non seulement un motif de fierté pour nous, mais aussi implique notre devoir permanent d’approfondir la pérennité des valeurs démocratiques. C’est là une tâche fondamentale de l’OEA et c’est pourquoi nous continuerons de lui accorder la grande priorité qu’elle mérite. C’est la raison pour laquelle nous sommes certains que nous donnons suite à une demande émanée de nos peuples que les dirigeants du Continent américain nous ont chargé de mettre en œuvre.

La consolidation de la démocratie réside, en partie, dans son exercice effectif en s'attelant à ses problèmes et en prenant des mesures opportunes pour promouvoir les objectifs consacrés dans la Charte démocratique interaméricaine.

En conclusion, je tiens à vous réitérer ma foi profonde dans le système interaméricain et tout particulièrement, dans notre organisme continental, l’OEA, critiquée par beaucoup mais qui continue de démontrer, chaque fois qu’il surgit un problème grave dans la région, que sa validité et son utilité vont bien au-delà des conjonctures et des positions qu’adoptent certains au sujet de questions spécifiques. La tenue de cette Assemblée générale, la présence remarquée de tant de ministres des affaires étrangères et même de présidents des États membres souligne, au-delà des mots, qu’il s’agit là d’une tribune valide et valable au sein de laquelle, comme je l’ai affirmé auparavant, tous sont écoutés et tous disposent d’un espace pour exposer leurs problèmes, exprimer leur opinion et participer à la recherche de solutions.

C’est dans cet esprit de tolérance, toujours animé du désir et de l’objectif de maintenir l’unité dans la diversité, de privilégier le dialogue au lieu de la confrontation, que réside la force de cette Organisation.

Monsieur le Président, Messieurs les délégués, faisons en sorte que cette Assemblée générale soit une nouvelle manifestation de ce que nous voulons tous.

Merci beaucoup.