Washington, D.C. - La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) publie le rapport « Cohésion sociale : le défi de la consolidation de la démocratie en Bolivie » qui analyse la situation des droits de l'homme dans le pays, sur la base des observations faites lors de la visite in loco du 27 au 31 mars 2023, les défis structurels, ainsi que les principales avancées et les défis persistants depuis la visite précédente, effectuée en 2006.
Depuis cette année-là, la Bolivie a connu une série de transformations sociales importantes basées sur des revendications historiques. Celles-ci se sont reflétées dans la Constitution politique de l'État de 2009, qui a introduit un vaste éventail de reconnaissance des droits de l'homme dans une perspective de décolonisation, de dépatriarcalisation et de garantie des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux.
Avec le nouveau cadre constitutionnel, des progrès significatifs ont été réalisés dans la réduction des inégalités au sein des groupes humains traditionnellement écartés de l'attention de l'État. Cependant, la mise en œuvre de cette nouvelle vision de l'État s'est heurtée à des défis qui empêchent la pleine garantie des droits reconnus par la Constitution.
Parmi les défis à relever identifiés par la Commission figurent des mesures efficaces pour garantir le droit à l'autodétermination des peuples autochtones, y compris la juridiction autochtone paysanne, ainsi que les droits du peuple afro-bolivien. En outre, on constate des difficultés à garantir le droit des femmes à une vie sans violence, ainsi que le plein exercice des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, non binaires, de genre divers et intersexes. D'autre part, le rapport souligne la nécessité d'attirer l'attention de l'État sur les impacts environnementaux des activités d'extraction, ainsi que sur les garanties d'accès à l'eau, à la santé, au travail et à l'éducation, entre autres.
Le document note également la continuité de l'affaiblissement institutionnel historique, affecté par une polarisation politique accrue, et analyse comment ce phénomène social aggrave le conflit, permet l'escalade de la violence et génère des conditions propices aux violations des droits de l'homme dans le pays. Il affecte également les institutions démocratiques, l'État de droit et la liberté d'expression.
Le rapport analyse les défis historiques du système judiciaire, qui ont conduit la population bolivienne, dans toute sa diversité, à se méfier profondément du système judiciaire, en particulier du système pénal, qui est perçu comme un outil au service d'intérêts politiques, quel que soit le parti ou le mouvement politique au pouvoir. La CIDH constate que la consolidation des progrès réalisés en matière de droits de l'homme est menacée si le système judiciaire continue d'être soumis aux graves défis auxquels il est confronté.
Le rapport contient des observations et des recommandations pour relever les défis en matière de droits de l'homme. La CIDH met son mandat de coopération technique et de suivi des recommandations à la disposition de l'État pour accompagner les mesures adoptées à cette fin. La CIDH reconnaît l'ouverture de l'État plurinational de Bolivie à l'examen international et est reconnaissante de l'invitation à effectuer la visite, qui s'est déroulée dans les villes de Cochabamba, La Paz, Santa Cruz et Sucre, ainsi que des facilités logistiques et du respect de son mandat. Enfin, elle remercie la société civile, les activistes, les défenseurs des droits de l'homme, les personnes privées de liberté et les victimes qui ont présenté leurs rapports, leurs récits et leurs témoignages.
La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.
No. 053/24
11:45 AM