Bureau de Presse à la CIDH
Washington, D.C. - La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et son Bureau du Rapporteur Spécial pour la liberté d'expression (RELE) expriment leur inquiétude face aux signalements d'actions répressives persistantes à l'encontre d'organisations de la société civile et de la presse indépendante. En même temps, ils exhortent l'État à cesser le harcèlement, ainsi qu'à respecter et à garantir la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association.
À ce jour, en 2024, les organisations de la société civile ont signalé à la CIDH près de 300 actions répressives contre des activistes et des défenseurs des droits de l'homme, des dissidents politiques, des journalistes, des artistes indépendants et des proches de personnes privées de liberté pour des raisons politiques. Ces actions comprennent des détentions arbitraires, des violences physiques et des négligences médicales dans le contexte de privation de liberté, des assignations à résidence, des menaces et des contraintes, des coupures sélectives de Internet et des communications, des restrictions à la mobilité interne, des convocations policières et des interrogatoires sans respect des garanties légales.
La CIDH et le RELE observent que cette situation s'inscrit dans un contexte d'aggravation des restrictions à la liberté d'association et d'expression dans le pays, ainsi que d'augmentation des violences commises par les forces de l'ordre de l'État. Selon des signalements publics d'organisations de la société civile, entre 2018 et 2023, un nombre élevé de victimes de violences physiques de la part des forces de l'État a été constaté. Parmi elles, 95 seraient décédées à la suite d'une action ou d'une omission de l'État, et la majorité d'entre elles se trouvaient en milieu carcéral sous la garde de l'État.
Comme elle l'a déjà fait dans son rapport sur la situation des droits de l'homme à Cuba en 2020 et dans ses rapports annuels de 2021 et 2022, la CIDH souligne que les activistes, dissidents et défenseurs des droits de l'homme dans le pays sont soumis à la criminalisation, à la persécution judiciaire et à la violence dans le but de décourager les déclarations critiques à l'égard du gouvernement, d'entraver la liberté d'expression, d'empêcher le travail de défense et de promotion des droits de l'homme, ainsi que l'émergence de nouvelles personnalités influentes.
Ces actions touchent particulièrement les organisations et les médias qui ne sont pas alignés à l'idéologie et aux politiques de l'État, et qui sont confrontés à une situation d'inhibition et de silence qui décourage toute manifestation critique, menant même à l'exil forcé de journalistes et d'activistes par crainte de représailles.
Pour sa part, le RELE continue d'observer une politique d'État visant à maintenir le contrôle sur le flux d'informations, limitant considérablement l'espace civique et l'accès à l'information au sein de la société cubaine. Les journalistes et les médias indépendants sont confrontés à un environnement hostile, avec des restrictions légales et des pratiques répressives lorsqu'ils font des reportages critiques sur le gouvernement. Il s'agit notamment d'amendes et de sanctions, d'harcèlement et d'une surveillance policière de leurs résidences, de détentions et d'interrogatoires intimidants.
La Commission et le RELE rappellent que la liberté d'association et la liberté d'expression sont des droits fondamentaux et inaliénables, inhérents à toute personne et indispensables dans une société démocratique. Par conséquent, ils appellent l'État à adopter des mesures immédiates pour garantir un environnement sûr et propice à l'exercice de la liberté d'association, d'expression et de la liberté de la presse, y compris la cessation de la persécution judiciaire et de toutes les pratiques répressives. Ils demandent également à l'État de libérer toutes les personnes détenues pour leur travail de défense des droits de l'homme ou pour avoir exprimé des critiques.
Le Bureau du Rapporteur Spécial pour la liberté d'expression est un bureau créé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) afin de promouvoir la défense du droit à la liberté de pensée et d'expression à l'échelle de l'hémisphère, compte tenu de son rôle fondamental dans la consolidation et le développement du système démocratique.
La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.
No. 038/24
9:00 AM