Discursos

CÉSAR GAVIRIA TRUJILLO, SECRETARIO GENERAL DE LA ORGANIZACION DE LOS ESTADOS AMERICANOS
EN LA INSTALACIÓN DEL VIGÉSIMO SÉPTIMO PERIODO ORDINARIO DE SESIONES DE LA CICAD

1 de mayo de 2000 - Washington, DC


Notre présence à Windsor, et dans l’Ontario en cette année 2000 revêt une importance toute particulière. Lorsqu’il a signé la Charte de l’OEA, Joe Clark, Ministre des affaires étrangères du Canada, a mis en relief la portée du sens de cette décision de son pays pour son pays en sa qualité non seulement de membre mais également de partenaire du Continent américain. Il a ajouté: "Depuis trop longtemps les Canadiens ont considéré le Continent américain comme leur maison; le temps est venu pour nous de nous sentir chez nous." Il ne s’était pas trompé. La dernière décennie a vu s’accentuer l’influence du Canada et grandir sa présence dans les affaires de notre Continent. Aujourd’hui, le Canada dirige le processus des Sommets de nos mandataires, se fait l’amphitryon des réunions les plus importantes du Continent américain; plus que tout autre pays, le Canada croit en la capacité à faire face collectivement aux problèmes des Amériques, et il est convaincu des immenses possibilités qui s’ouvrent en ce début de millénaire. Cette attitude a été particulièrement fructueuse pendant le mandat du Premier Ministre Jean Chrétien et du Ministre des affaires étrangères Axworthy. M. Peter Boehm, le Représentant permanent du Canada près l’OEA, a interprété cette politique avec brio, constance et efficacité.
Comme l’avaient pressenti les Ministres des affaires étrangères, l’année qui s’est écoulée depuis l’Assemblée générale au Guatemala s’est révélée une période de mise à l’épreuve, de menaces et d’obstacles pour la démocratie dans les Amériques.
Il y a à peine deux semaines, le Gouvernement constitutionnel du Paraguay a réussi à faire échouer une tentative de coup d’État militaire, grâce à l’appui de la communauté internationale dirigée par les pays du Mercosur qui ont réagi rapidement, et à l’OEA qui y a apporté un effort opportun. En Équateur, les institutions légitimes ont aussi été menacées. C’est grâce à la vocation démocratique du peuple équatorien et de ses dirigeants, ainsi qu’à la réaction résolue et opportune du Continent américain et de notre Conseil permanent que cet obstacle a pu être surmonté de manière pacifique, et que le tissu des institutions démocratiques a pu être préservé.
Par ses nombreuses missions d’observation des élections, l’OEA, invitée par les pays intéressés, apporte une contribution croissante à la consolidation et à la défense de la démocratie. Nous devons assumer la tâche de préserver l’intégrité, l’impartialité des processus électoraux ainsi que la confiance qui est indispensable pour encourager la participation citoyenne, empêcher les irrégularités et accorder les garanties nécessaires à la libre expression de la volonté de tous les citoyens, et celle d’assurer que ces processus créent un climat d’équité, de confiance, de légitimité et de transparence pour tous les acteurs politiques.
Il y a lieu de mentionner tout spécialement le cas du Pérou où notre mission a dû commencer ses travaux dans un climat de méfiance profonde à l’égard des autorités électorales et du gouvernement lui-même. Ce climat a été créé par l’absence d’équilibre des pouvoirs tout au long d e la dernière décennie. . Selon le rapport de notre Mission qui est soumis à l’examen des ministres au cours de cette Assemblée, bien qu’aucune preuve de fraude n’ait été relevée, «ont été relevées des irrégularités et des faiblesses, des inconséquences et des inégalités pendant les deux tours de scrutin». Voilà pourquoi, il a été difficile pour notre Mission d’assurer que soient réunies les conditions nous permettant de qualifier les élections de libres, justes et transparentes, à la lumière de nos propres normes et des normes internationales.
Par ailleurs, des questions frontalières restées en suspens se sont dotées d’un regain de vie et ont engendré des tensions qui, nous l’aurions espéré, auraient été apaisées par le temps et les pratiques démocratiques. Le Secrétariat général, requis par le Conseil permanent et doté d’un mandat émané de cet organe, a agi, comme le prescrit la Charte, dans le respect du principe de règlement pacifique des différends. Il en a été ainsi dans les cas du Honduras et du Nicaragua d’une part; et du Guatemala et du Belize d’autre part, dans lesquels il a rempli un rôle de facilitateur et de médiateur en imposant sa présence et en contribuant à une désescalade des tensions et à la création du terrain favorable à l’application de procédures permettant de régler les différends.
Dans toutes ces circonstances, l’OEA a agi avec célérité, et a réussi à démontrer sa pertinence, sa neutralité et son efficacité pour contribuer à garantir la paix et la démocratie.
Mais au-delà des écueils qu’a rencontrés la démocratie dans certains de nos systèmes politiques, nous ne pouvons oublier que la présence de la démocratie dans les Amériques ne peut pas être considérée comme définitive et acquise. Nous avons encore devant nous un agenda fourni de problèmes à résoudre et de tâches à accomplir . Et plus d’un sceptique et bon nombre de désenchantés pensent que la démocratie ne répond pas à l’attente des citoyens, parce que les institutions démocratiques manquent de solidité, de légitimité en raison de son capacité de résoudre les problèmes sociaux, en raison du peu d’avancées dans la lutte contre la pauvreté ou parce que les pouvoirs publics ne fonctionnent pas de façon équilibrée, ou parce qu’ils ne bénéficient pas d’une participation citoyenne suffisante.
En dépit d’une plus large stabilité économique, d’un taux d’inflation en baisse et de déficits budgétaires réduits, nous avons encore dans la majorité de nos pays des institutions faibles, des politiques très discutables, peu de ressources et un État en recul, affaibli idéologiquement par la crise de la dette et par l’adoption des réformes de marché.
Et ces énormes failles de l’État dans le respect de ses obligations ouvrent une brèche dans les institutions démocratiques latino-américaines et dans leur crédibilité. En Amérique Latine, seul un État fort, efficace et prestigieux peut assurer la défense de notre démocratie. Nous avons besoin d’un État démocratique, respectueux et garant des droits de tous, et protecteur des plus vulnérables. Un État qui renforce ses fonctions de supervision, de réglementation et de contrôle, son rôle en matière d’éducation et de santé, ses attributions d’administration de la justice, de protection policière et de sécurité. Nous avons besoin d’un État qui sache faire échec à des phénomènes tels que la corruption, le trafic des stupéfiants et le terrorisme. Il nous faut relever ces défis sans grossir l’appareil étatique qui étouffe l’initiative privée.
Ces tâches ne sont pas faciles et n’ont pas de réponses simples. L’OEA a ébauché certaines solutions collectives qui contribuent à résoudre des problèmes extrêmement complexes, réalisant ainsi sa vocation de forum de dialogue politique et de coopération. C’est à la lumière de sa contribution que nous devons examiner et peser la pertinence et l’opportunité des actions qu’entreprend l’Organisation.
Nous renforçons actuellement le système interaméricain des droits de l’homme d’une part, grâce au travail du groupe ad hoc créé par les Ministres des affaires étrangères qui a identifié divers domaines prioritaires: promotion et universalité du système ; respect de ses décisions et de son financement et d’autre part grâce aux efforts déployés par le Groupe de la Commission des questions juridiques et politiques qui soumet à l’examen des États, de la Commission et de la Cour pour examen toute une gamme de recommandations.
En outre, le Système interaméricain est engagé dans un processus d’expansion de nouveaux droits. En vue de promouvoir les droits des populations autochtones grâce à l’adoption éventuelle d’une Déclaration interaméricaine, une réunion d’experts s’est tenue avec la participation de représentants autochtones. Pour promouvoir les droits de la femme et la parité, une réunion des Ministres responsables et des hauts fonctionnaires des États a été convoquée. Les conclusions et les résultats de cette réunion permettront aussi d’enrichir les programmes et les décisions du prochain Sommet des Amériques.
Nous avons également adopté une politique plus active d’une part, pour défendre la liberté de la presse et le droit à la libre expression grâce aux travaux du rapporteur de la Commission des droits de l’homme et d’autre part, pour défendre et promouvoir les droits de l’enfant, notamment dans les conflits armés, et ceux des travailleurs migrants et de leurs familles.
Nous avons encouragé une plus vaste participation citoyenne par le biais de journées de réflexion au sein de l’Organisation. Nous avons également renforcé le rôle des organisations de la société civile à l’OEA pour lequel le Conseil permanent a approuvé des directives qui régissent et encouragent cette participation à nos activités.
Pour la première fois au niveau américain, une initiative canadienne a favorisé la participation des représentants parlementaires de tout le Continent américain.

Toutes ces activités sont aujourd’hui facilitées par les immenses possibilités qu’offre l’Internet nous permettant de combler les disparités qui séparent nos citoyens du système politique et qui permettent à l’OEA d’offrir à tous des systèmes d’information plus complets, plus accessibles, et plus fiables.
Nous avons déjà mentionné que le renforcement de la démocratie exige avant tout, un affermissement significatif de l’État, de sa responsabilité, de son efficacité et de sa transparence. Le défi peut-être le plus pressant est constitué par les effets dévastateurs de la corruption. Il est nécessaire, ainsi que l’a indiqué le Groupe de travail sur la probité et l’éthique civique, de fixer un délai raisonnable pour que la Convention interaméricaine contre la corruption soit signée et ratifiée par tous les États et pour créer des mécanismes de suivi du programme interaméricain adopté par les Etats et veiller à ce que le secteur privé respecte l’engagement qui lui incombe.
Par décision des Ministres de la justice, nous avons créé le Centre d’études de la justice des Amériques et nous avons avancé dans l’élaboration des mesures spécifiques devant être prises en matière de lutte contre les délits cybernétiques, de politique carcérale et pénitentiaire et d’accès à la justice.
Nous avançons avec les Ministres du travail dans la réalisation de projets destinés à renforcer l’emploi, le caractère institutionnel du travail et les conventions collectives. En termes généraux, ces projets reconnaissent la nécessité d’assouplir les marchés du travail, mais ils sont aussi favorables à la création d’instruments qui protègent les ouvriers; cela passe par la ratification et le respect des Conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT).
Ces mesures témoignent de la progression dans les Amériques du processus d’intégration et de libre-échange qui s’inscrit dans la vaste vision que les Sommets des Amériques ont donné au Système interaméricain d’institutions au moyen de diverses initiatives entre lesquelles sont créées de fortes synergies et de profondes interdépendances. Nous pourrons ainsi faire preuve de créativité, élaborer des mesures collectives sur un large éventail de sujets, sociaux, de droits de la personne, de droits du travail, de l’environnement, des possibilités qui ne nous sont pas ouvertes dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ni dans d’autres enceintes purement commerciales.
Il sera ainsi possible de mettre en marche des stratégies intelligentes visant l’insertion des pays américains à l’économie mondiale, réduisant ainsi les vulnérabilités aux perturbations extérieures ; assurant que les économies plus petites et à revenus per capita faibles bénéficient des négociations commerciales, et adoptant des mesures les mesures et les politiques sociales nécessaires pour contrecarrer quelques-unes des conséquences indésirables de la mondialisation. Nous pourrons également engager un dialogue permanent et ouvert avec tous les secteurs de nos sociétés.
Dans le domaine commercial, nous espérons que les groupes de négociation poursuivront leurs travaux dans le respect des instructions que leur ont transmises les Ministres à Toronto, et pour progresser dans la rédaction de ce qui sera un premier projet de l’Accord pour la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) dans la perspective de la réunion ministérielle en Argentine.
Ces sujets sont également liés à l’élargissement du partenariat. Nous espérons tous que le lancement de la nouvelle Agence pour la coopération et le développement nous permettra de mobiliser davantage de ressources extérieures et de focaliser l’aide sur les pays les plus nécessiteux, et dans lesquels son action est la plus pertinente. Ce Secrétariat se permet d’insister sur sa proposition qu’un plus grand nombre de pays deviennent des donateurs nets de ressources; ces efforts seront ainsi porteurs d’un sens accru de la solidarité continentale et témoigneront d’un plus grand équilibre politique au sein de l’OEA.
Le Directeur de l’Agence a été maintenant investi de mandats très précis, et il jouit de plus larges attributions pour négocier des accords de c oopération avec les pays membres ou Observateurs permanents, et pour mieux tirer parti des ressources qui existent déjà dans d’autres organismes internationaux, régionaux et nationaux. Il s’agit de s’adapter à la situation récemment relevée, à savoir, au fur et à mesure que les recettes recueillies au titre des quotes-parts des États membres accusent une tendance à la baisse, les fonds spécifiques, associés à la réalisation de projets ou d’activités concrets par l’OEA connaissent une augmentation.
Cet effort doit nous aider à mieux travailler de concert avec d’autres institutions, notamment la Banque interaméricaine de développement (BID), avec laquelle nous avons accompli de grands progrès pour arrêter l’agenda continental en fonction des mandats de nos dirigeants. M. Enrique Iglesias, présent parmi nous aujourd’hui, a largement contribué à cette évolution et il joue un rôle crucial dans la mise en place d’un Système interaméricain doté d’un programme rénové et plus intégré sur les plans politique, économique, social, environnemental et culturel.
Lors de notre Assemblée générale en 1999, nous avons lancé le Comité interaméricain pour la réduction des catastrophes naturelles, principale instance de réflexion et de dialogue des institutions interaméricaines consacrée à la définition de stratégies et de recommandations visant à réduire l’impact des catastrophes naturelles et leurs répercussions humaines et sociales.
Pour compléter ces actions, il conviendrait d’envisager une réunion des ministres de l’environnement pour 2001, car nous pourrions ainsi constater les progrès accomplis depuis le Sommet de Santa Cruz; cela nous aiderait à préciser certaines des initiatives, trouver des ressources financières et techniques et identifier les institutions nationales et internationales qui se chargeraient de son organisation.
Dans le cadre de la Commission sur la sécurité continentale de notre Conseil permanent, nous avons progressé dans la relance de l’agenda des préparatifs de la Conférence spéciale dont ont fait état les mandataires à Santiago. La première réunion du Comité consultatif de la Convention contre la fabrication et le trafic illicites des armes à feu a eu lieu. La Convention sur la transparence de l’acquisition des armes classiques a été signée par dix-neuf États et a déjà été ratifiée par le Canada. Nous avons fait des progrès dans le déminage en Amérique centrale et nous avons inclus le Pérou et l’Équateur dans notre programme. Nous procédons à l’élaboration d’un plan de travail issu de la première réunion du Comité interaméricain de lutte contre le terrorisme. De concert avec la Banque interaméricaine de développement (BID) et l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), nous avons procédé à l’identification des composantes de ce qui pourra constituer une campagne continentale contre la violence et la délinquance.
Dans ce domaine, la création du Mécanisme d’évaluation multilatérale sur les politiques contre les drogues au sein de la CICAD a été le progrès le plus important. Nous espérons ainsi pouvoir consolider un nouvel esprit de coopération sur le Continent américain grâce auquel nous pourrons enfin surmonter le problème de la drogue, source de tant de récriminations, de tensions et de méfiance entre les États. Le mécanisme s’appuie sur les principes de la responsabilité partagée, du respect de la souveraineté et de la juridiction des États, de l’égalité et de la réciprocité. C’est un processus d’évaluation gouvernementale unique en son genre, objectif, aux termes d’une approche intégrée, coordonnée et équilibrée en vue de donner suite aux processus individuels et collectifs pour renforcer la coopération continentale, tirer les enseignements des expériences des autres pays, d’affiner les réponses et les politiques et d’élaborer des initiatives communes.Les résultats de ce premier exercice d’évaluation, son impartialité, sa transparence et la pertinence de ses recommandations seront soumis à l’examen du public et deviendront les fils directeurs des politiques et des débats sur ces sujets. Bien que ce soit un exercice fondamentalement technique, il a une grande pertinence politique.
Sous l’égide du gouvernement du Canada, un nouveau concept a vu le jour, la sécurité humaine. Il propose de modifier la perspective traditionnelle de l’analyse des problèmes de sécurité et de prendre la personne comme point de référence. C’est un projet ambitieux qui, à l’échelle du continent, rejoint les activités de notre agenda continental et tend à moderniser et développer la capacité de réaction de l’OEA et à suggérer des solutions politiques, selon cette nouvelle optique, aux problèmes rencontrés par nos sociétés, ce qui est aujourd’hui chose possible grâce à notre évolution vers une communauté américaine fondée sur les valeurs et les principes.
Mesdames et Messieurs les Ministres,

Les Sommets des chefs d’État et de gouvernement ont tracé de nouvelles voies et lancé de nouvelles initiatives et l’OEA est devenue la courroie de transmission, le forum et l’organe d’exécution de ces mandats. Mais nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers. Les travaux que nous avons réalisés ont une portée limitée. Il nous faut aller plus loin encore et pour cela, nous devons nous appuyer sur une OEA non seulement renforcée par ses mandats, mais encore par les ressources qu’elle aura reçues et la confiance placée en elle par vous et nos peuples.Le Fonds ordinaire se trouve dans une situation financière critique qui, en l’absence de mesures pour y remédier, limitera sérieusement la capacité de l’Organisation à s’acquitter des tâches qui lui ont été confiées.
Ce problème est issu du non-versement opportun des quotes-parts, notamment des principaux contributeurs; dans le gel nominal de nos recettes durant ces derniers cinq ans, dans la perte de revenus au titre des locations et des recettes financières et dans la mise en œuvre d’un grand nombre de nouveaux mandats. Cet état de choses exerce de fortes pressions sur notre budget.
Face à cette crise, il faut agir. Pour la première fois, par exemple, les travaux des institutions des droits de l’homme ont été sérieusement affectées par les restrictions budgétaires.
Pour aborder ce grave problème, lui donner toute l’urgence qu’il mérite et le situer dans une structure financière saine, nous devons adopter trois décisions, à savoir: les pays qui ont des arriérés de paiement doivent adopter un échéancier de paiements qui peut être respecté et qui permette à l’Organisation de planifier effectivement le flux de ses revenus; à partir de l’année prochaine l’ajustement au titre de l’inflation doit être rétabli; les États membres doivent autoriser leurs représentants permanents à prendre les décisions requises pour permettre de faire face aux nouvelles priorités et abandonner les programmes, activités et structures qui primaient jadis.
Mon intervention ne pourrait se conclure sans rendre hommage à l’Ambassadeur Christopher R. Thomas et le remercier de son infatigable dévouement durant toutes les années au poste de Secrétaire général adjoint. Ses qualités intellectuelles, son talent naturel de diplomate et son engagement sans réserve à l’égard du progrès des Amériques lui ont permis de s’acquitter avec succès de ses tâches difficiles et de mériter la reconnaissance justifiée des États membres.
Mesdames et Messieurs,

En faisant avec vous un tour d’horizon des événements passés, des actions entreprises par nos pays au cours de cette dernière année et des tâches qui nous attendent encore, je voudrais conclure en précisant qu’il n’existe pas de stratégies simples pour trouver les moyens d’assurer la démocratie ou d’ouvrir la voie vers un développement durable. Rendre l’État superflu en faisant abstraction des phénomènes politiques et en ayant une foi aveugle dans le marché relève du passé, tout comme croire que nos sociétés ont pour but unique d’atteindre certains objectifs économiques. Nous nous sommes aperçus que ceux-ci ne sont que le point de départ de la concrétisation d’objectifs sociaux beaucoup plus importants.
Il ne fait aucun doute que nous entamons un siècle nouveau empreint de scepticisme, de désenchantement et d’une certaine lassitude à l’égard de nos jeunes démocraties. Nous sommes en même temps conscients qu’il est nécessaire d’approfondir certaines réformes économiques, qu’il est impératif d’œuvrer en faveur de l’équité, de progresser vers un système éducatif qui tienne compte de la mondialisation, et d’en finir avec la pauvreté.
Mais en même temps, nous constatons que les ressources que l’on peut consacrer à ces entreprises sont très limitées. Il faut plus de recherche, un échange dynamique d’expériences et il nous faut impliquer dans cet effort un groupe d’Américains beaucoup plus nombreux, dans chaque pays, pour pouvoir renforcer de façon efficace les institutions politiques et sociales.
Cette approche nous montre que renforcer tout simplement le rôle de supervision de l’OEA ne suffira pas pour défendre et renforcer la démocratie Nous devons réserver une place plus importante et significative au dialogue politique à l’échelle continentale. Proposer des initiatives plus ambitieuses, disposer de ressources plus importantes, enrichir les centres d’information, élargir les échanges de données d’expériences, relier nos universités, nos centres universitaires et les organisations de la société civile aux efforts de l’action collective. Cela signifie aussi que les gouvernements, les ministères, les ministres sectoriels et beaucoup d’autres institutions publiques doivent agir pour faire avancer l’ambitieux agenda continental émané des impératifs de cette époque d’intégration et de mondialisation, ainsi que des mandats que nous confient nos dirigeants. C’est peut-être là que réside le grand défi du Sommet du Québec.
En ce début de siècle, un avenir prometteur s’ouvre devant les peuples des Amériques, leurs gouvernements et leurs institutions. Les défis et les difficultés que nous avons rencontrés ne sauraient décourager l’esprit et la vocation de progrès de plus de 700 millions de personnes. Nous avons la chance historique de pouvoir façonner et construire un avenir commun plus prospère, démocratique et juste. Unissons donc nos efforts pour concrétiser ces aspirations.