OEA/Ser.G

CP/RES. 806 (1303/02) corr.2

17 janvier 2002

Original:  anglais

 

 

 

CP/RES. 806 (1303/02)

 

 

LA SITUATION EN HAÏTI

 

 

LE CONSEIL PERMANENT DE L’ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS,

 

            PROFONDÉMENT PRÉOCCUPÉ par les actes de violence qui se sont produits en Haïti, notamment les événements du 28 juillet et du 17 décembre 2001, ainsi que par la situation politique, économique et sociale en voie de détérioration dans ce pays;

 

            PRÉOCCUPÉ par l’impasse actuelle que connaissent les négociations visant à résoudre la crise politique persistante;

 

            AYANT VU le Cinquième Rapport de la Mission de l’Organisation des États Américains intitulé “Progrès vers un accord initial” (CP/doc. 3541/02);

 

            RAPPELANT que l’Assemblée générale, par sa résolution AG/RES. 1831 (XXXI-O/01), a réitéré sa profonde préoccupation face à la persistance de la crise politique en Haïti découlant des élections du 21 mai 2000, et a chargé le Secrétaire général de multiplier ses efforts en vue de contribuer au dénouement de la crise politique en Haïti, à son développement économique et social, au renforcement de la démocratie et à la promotion du respect des droits de la personne dans ce pays,


 

            RAPPELANT AUSSI que le Conseil permanent, par sa résolution CP/RES. 772 (1247/00) adoptée le 4 août 2000, à la requête du Gouvernement d’Haïti, a autorisé le Secrétaire général à détacher une mission en Haïti “en vue d’identifier avec le Gouvernement d’Haïti et d’autres secteurs de la communauté politique et civile, des options et recommandations visant à résoudre dans les plus brefs délais possibles les difficultés comme celles qui ont surgi des différentes interprétations de la loi électorale, et de continuer à renforcer la démocratie dans ce pays”; et que depuis lors, plusieurs missions ont été organisées dans ce but;

 

AYANT PRÉSENT À L’ESPRIT:

 

            Que la Charte de l’OEA établit que la démocratie représentative est une condition indispensable à la stabilité, à la paix et au développement de la région et que l’un des buts essentiels de l’Organisation est de promouvoir et de consolider la démocratie représentative dans le respect intégral du principe de non-intervention;

 

            Que la Charte démocratique interaméricaine adoptée à la Session extraordinaire de l’Assemblée générale tenue à Lima (Pérou) le 11 septembre 2001 prescrit que les peuples des Amériques ont droit à la démocratie et que leurs gouvernements ont pour obligation de la promouvoir et de la défendre et que “au nombre des composantes essentielles de la démocratie représentative figurent, entre autres, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, l’accès au pouvoir et son exercice assujetti à l’État de droit, la tenue d’élections périodiques, libres, justes et basées sur le suffrage universel et secret, à titre d’expression de la souveraineté populaire, le régime plural de partis et d’organisations politiques, ainsi que la séparation et l’indépendance des pouvoirs publics”,

 

            PRENANT NOTE de la condamnation par le Président Jean-Bertrand Aristide d’actes de violence provenant de n’importe quelle source, des déclarations faites par le Secrétaire général en relation avec les événements du 17 décembre 2001 et des actes subséquents de violence, ainsi que des communiqués émis par la Commission interaméricaine des droits de l’homme sur les attaques et les menaces contre des journalistes;

 

            NOTANT que le Gouvernement d’Haïti a entamé une enquête sur les événements du 17 décembre au nombre desquels figurent l’attaque contre le palais présidentiel et les actes de violence contre les quartiers-généraux de partis politiques et les résidences  de particuliers;

 

            CONVAINCU que la situation politique en détérioration en Haïti, laquelle a récemment abouti aux violents événements du 17 décembre 2001, témoigne du besoin urgent de renforcer les institutions de la démocratie représentative dans ce pays;

 

            ENCOURAGÉ par l’intérêt et la volonté exprimés par le Gouvernement d’Haïti de collaborer avec la communauté internationale aux efforts déployés pour résoudre la crise politique qui persiste encore en Haïti;

 

            PRENANT NOTE de la décision de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) d’envoyer d’urgence en Haïti une mission spéciale de haut niveau ayant pour tâche d’évaluer la situation dans le pays;

 

 

DÉCIDE:

 

1.         De condamner les pertes de vies humaines et la destruction de biens qui se sont produits à la suite des événements du 17 décembre 2001.

 

2.         D’exhorter le Gouvernement d’Haïti, tous les partis politiques, la société civile et d’autres institutions pertinentes de la société haïtienne à condamner toutes les formes de violence politique et à œuvrer en faveur de leur élimination.

 

3.         D’épauler le Gouvernement d’Haïti dans son intérêt et sa volonté de travailler conjointement avec la communauté internationale pour trouver une solution à la présente crise politique en établissant une Mission de l'OEA en vertu des dispositions de la résolution AG/RES: 1831 (XXXI-0/01) adoptée par la trente et unième Session ordinaire de l'Assemblée générale de l'OEA, laquelle accomplira sa tâche dans l'esprit de la Charte de l'OEA et de la Charte démocratique interaméricaine. 

 

4.         D’appeler le Gouvernement d’Haïti à poursuivre avec diligence ses efforts visant à rétablir un climat de sécurité propre à créer les conditions nécessaires à la reprise de négociations patronnées par l’OEA, à savoir:

 

a.                   la réalisation d’une enquête approfondie, indépendante sur les événements liés au 17 décembre 2001 et des jours suivants;

 

b.                   la poursuite de toute personne et le licenciement, le cas échéant de tout individu dont la complicité aura été établie dans les actes de violences perpétrés le 17 décembre et les jours suivants;

 

c.                   la réalisation d’une enquête approfondie sur tous les crimes politiquement motivés;

 

d.                   des réparations aux organisations et individus qui ont subi des dommages comme résultat direct des actes de violence du 17 décembre 2001;

 

e.                   une invitation à l’OEA pour qu’elle envoie des représentants en Haïti pour mener une enquête, évaluer la situation et aider le Gouvernement et le peuple d’Haïti à renforcer leur système et leurs institutions démocratiques;

 

f.                    une invitation à la Commission interaméricaine des droits de l’homme pour qu’elle effectue une visite sur le terrain en Haïti.

 

5.         De rendre hommage au Secrétaire général pour les efforts constructifs déployés, comme le décrit le Cinquième Rapport de la Mission de l’Organisation des États Américains: “Progrès vers un accord initial” (CP/doc.3541/02).

 

6.         De lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse un support effectif et concret au Gouvernement d’Haïti, à la société civile haïtienne et aux partis politiques démocratiques qui fonctionnent dans le cadre de la Constitution haïtienne et de la primauté du droit, en vue de renforcer les institutions démocratiques en Haïti.

 

7.         D’appeler le Gouvernement d’Haïti et tous les partis politiques, avec l’appui de la société civile et d’autres institutions pertinentes en Haïti, à renouer d’urgence les négociations sous le patronage de l’OEA, aussitôt que les conditions seront favorables à la tenue de discussions, en vue d’aboutir à un accord destiné à résoudre la crise politique en Haïti.

 

8.         De réaffirmer le mandat du Secrétaire général en vertu de la résolution AG/RES. 1831 (XXXI-0/01) et de lui demander de poursuivre, en consultation avec la CARICOM et le Groupe d’amis d’Haïti, ses efforts en vue de contribuer davantage à résoudre la présente crise politique en Haïti:

 

a.                   en effectuant un suivi des événements en Haïti, notamment en veillant au respect des composantes essentielles de la démocratie représentative, ainsi qu’à  la mise en œuvre de tout accord qui pourrait émaner des négociations menées sous le patronage de l’OEA;

 

b.                   en aidant le Gouvernement d’Haïti à renforcer son processus démocratique politique et institutionnel.

 

            9.         De charger le Secrétaire général d’affecter des experts techniques à la Mission de l’OEA en Haïti pour aider le Gouvernement à développer et à renforcer son processus politique et ses institutions démocratiques.

 

            10.        De charger le Secrétaire général d’œuvrer conjointement avec les États membres à la normalisation des relations entre Haïti et la communauté internationale, notamment avec les institutions financières internationales, au fur et à mesure que des progrès sont réalisés vers une solution durable de la crise découlant des élections du 21 mai 2000, et de soumettre un rapport sur ses activités.

 

CP09149F01.doc

 
            11.        De demander à la Commission interaméricaine des droits de l’homme, dans sa sphère de compétence, d’effectuer une visite sur le terrain en Haïti pour consulter la société civile, les partis politiques et le Gouvernement d’Haïti en vue d’analyser les présentes conditions et les événements liés au 17 décembre 2001, et de  soumettre un rapport sur ces points.

 

            12.        D’appeler le Gouvernement d’Haïti à garantir à la Mission de l’OEA dont fait état le paragraphe 3 ci-dessus, à la Commission interaméricaine des droits de l’homme, ainsi qu'aux organisations internationales non gouvernementales dont la présence est reconnue en Haïti,  un accès libre et sûr à toutes les composantes de la société civile, notamment la presse et les partis d’opposition.

 

            13.        D'exhorter le Groupe d'amis d’Haïti établi conformément aux dispositions de la résolution AG/RES. 1831 (XXXI-0/01) et composé d'États membres et d'Observateurs permanentes intéressés, à continuer à épauler les efforts que déploie le Secrétaire général. 

 

            14.        De charger le Secrétaire général de soumettre un rapport intérimaire au Conseil permanent aussitôt que possible et au plus tard le 31 mars 2002, et un rapport complet à la trente-deuxième Session ordinaire de l’Assemblée générale sur la mise en œuvre de la présente résolution.

 

            15.        De demander au Secrétaire général de transmettre la présente résolution au Secrétaire général des Nations Unies.