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Sécurité des petits états insulaires

 

Rapports

 

CONSEIL PERMANENT DE
L’ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS

COMMISSION SUR LA SÉCURITÉ CONTINENTALE

OEA/Ser.G
CP/CSH-284/00
5 avril 2000
Original: anglais

COMPTE RENDU DU RAPPORTEUR SUR LA RÉUNION DU 29 FÉVRIER 2000 ORGANISÉE PAR LA COMMISSION SUR LA SÉCURITÉ CONTINENTALE ET CONSACRÉE AUX PRÉOCCUPATIONS PARTICULIÈRES DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ

  1. Préambule de l'Ambassadeur Flavio Dario Espinal, Président de la Commission sur la sécurité continentale

Les délégations et les invités participant à cette réunion ont été accueillis par l'Ambassadeur Espinal. Ce dernier a évoqué les conclusions de la Réunion de haut niveau sur les préoccupations particulières des petits États en matière de sécurité, qui a eu lieu à San Salvador (Salvador) en février 1998, ainsi que la résolution AG/RES. 1640 (XXIX-O/99) de l'Assemblée générale - précisant que ces éléments avaient permis d'envisager la question des préoccupations particulières des petits États insulaires en matière de sécurité sous un angle différent.

Le Président a rappelé qu'il s'agissait là d'un thème multidimensionnel, englobant des aspects sociaux, économiques, environnementaux, écologiques et militaires, et que le lien entre sécurité et maintien des institutions démocratiques demeurait étroit. Il a en outre signalé que le thème de la sécurité continentale serait examiné en l'an 2000 dans l'esprit d'un concept de «sécurité humaine».

Le Président a indiqué que la réunion se déroulerait selon la présentation décrite dans l'Ordre des travaux (document CP/CSH-220/00), tel qu'il a été approuvé par la Commission lors de la réunion qu'elle a organisée le 28 janvier 2000 (Annexe I). Il a enfin remercié les délégations de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) d'avoir mis l'Ordre du jour annoté à disposition des participants aux fins de cette réunion.

  1. Élection du Rapporteur

M. Philip St. Hill, Représentant suppléant de la Mission permanente de la Barbade, a été élu Rapporteur de la réunion par acclamation, sur motion déposée par la délégation d'Antigua et Barbuda et appuyée par la délégation de la Barbade.

3. Remarques formulées par l'Ambassadeur Christopher R. Thomas, Secrétaire général adjoint de l'OEA, sur les mesures prises par l'organisation en vue de promouvoir et d'améliorer les préoccupations particulières des petits États insulaires en matière de sécurité

L'Ambassadeur Christopher R. Thomas, Secrétaire général adjoint de l'OEA, a présenté un Rapport (document CP/CHS-274/00) sur les missions conduites par le Secrétariat général pour répondre aux préoccupations particulières des petits États insulaires en matière de sécurité et qui, selon lui, était conforme à la résolution AG/RES. 1640 (XXIX-O/99).

L'Ambassadeur Thomas a expliqué que la reconnaissance des problèmes particuliers auxquels étaient confrontés les petits États insulaires remontait à 1980 et que des préoccupations avaient été officiellement formulées dès 1996. Il a, en quelques mots, décrit les initiatives de l'OEA, qui s'attache à conjuguer développement économique et commercial et sécurité, puis il a dressé une liste des domaines dans lesquels des mesures devaient être prises:

  1. Commerce: parmi les missions entreprises pour réduire les effets de la mondialisation, l'Unité sur le commerce a préparé une étude sur le lien entre commerce et libéralisation financière; l'Unité apporte également son soutien aux plus petites économies dans leur travail avec la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA).
  2. Tourisme: l'Unité intersectorielle du tourisme s'occupe de deux projets multilatéraux. Le premier, intitulé «Viabilité et compétitivité du tourisme dans les Caraïbes» (CTCS), comprend trois volets: a) aide aux petites structures hôtelières, b) transfert de technologies et c) sensibilisation à l'industrie touristique. Le deuxième projet, intitulé « Fondation pour le patrimoine des Caraïbes », s'attache à aider, promouvoir, sensibiliser et préserver le potentiel touristique d'une région au patrimoine culturel riche.
  3. Environnement: de 1994 à 1999, le Secrétariat a conduit le Projet d'atténuation des catastrophes dans les Caraïbes, financé par USAID (5 millions de dollars), et mis en place des programmes d'atténuation à Antigua et à Saint-Kitts suite au cyclone Georges. Il a également créé la Commission interaméricaine sur l'atténuation des catastrophes naturelles (IACNDR), dont on espère qu'elle pourra aider les pays touchés par les catastrophes et contribuer à réduire encore plus leur vulnérabilité.
  4. Démocratie: parmi les mesures engagées par l'UPD, citons  (i) la promotion des valeurs et pratiques démocratiques ; (ii) l'assistance aux institutions et procédures législatives; (iii) l'assistance électorale et (iv) l'encouragement de la participation de la société civile.
  5. CICAD (Drogues): l'intervention de l'OEA dans ce domaine consiste, entre autres choses, à : a) former les personnels chargés de la prohibition des drogues, b) fournir les équipements nécessaires à la lutte contre le trafic de stupéfiants et c) aider les pays à appliquer des Programmes nationaux de lutte contre la drogue.

Concernant les problèmes de sécurité, le Secrétaire général adjoint a conclu que:

    1. Les efforts de l'OEA étaient soutenus,
    2. Les préoccupations devaient être ciblées,
    3. Les efforts actuels devraient s'intégrer dans des programmes existants.

Il a précisé que l'OEA devait développer son propre créneau en proposant des solutions à ces problèmes de sécurité. La gestion en réseau, la coopération et les efforts visant à garantir un financement international doivent par ailleurs être poursuivis, eu égard aux ressources limitées dont dispose l'OEA. 

4. Présentations et interventions

M. George Alleyne, directeur de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) a soutenu qu'en matière de sécurité, les questions de santé nationales étaient tout aussi importantes que les influences externes. Il a ajouté que les taux de fécondité, le nombre de naissances viables et l'espérance de vie figuraient en bonne position par rapport aux statistiques de l'hémisphère. En revanche, les chiffres du SIDA, parmi les plus élevés dans le monde, enregistraient un dangereux décalage par rapport à ceux de l'hémisphère.

Selon le directeur de l'OPS, la santé contribue de façon importante à la croissance économique et constitue un élément essentiel du capital humain et social. Il a précisé que le coût de maintien des infrastructures de santé était plus élevé pour les petits États, ce qui ne fait qu'accroître leur vulnérabilité. M. Alleyne a insisté sur la coopération nécessaire entre les États en matière de santé, afin de réduire cette vulnérabilité, et sur le rôle actif de l'OPS dans ce domaine.

L'Ambassadeur Courtney Blackman, représentant permanent de la Barbade, a abordé le thème de la vulnérabilité financière des petits États insulaires. La tendance qu'ont les économistes des Institutions financières internationales (IFI) à considérer tous les marchés comme homogènes et à préconiser l'application d'une théorie macroéconomique rigide pour résoudre les problèmes des petits États est alarmante. L'Ambassadeur Blackman a indiqué que les marchés financiers des petits États se caractérisaient par un faible effectif d'acheteurs et de vendeurs, un nombre limité de produits et des dispositions institutionnelles insuffisantes, limitant leur capacité à absorber les chocs externes; dès lors, ces marchés deviennent fragiles et ne peuvent ni honorer leur dette extérieure, ni maîtriser l'inflation, résoudre les difficultés de balance des paiements ou remédier aux dévaluations monétaires. Ainsi, selon l'Ambassadeur:

  • Une intégration régionale des marchés financiers serait utile, mais pas très efficace;
  • L'effacement de la dette de ces petits États serait d'un grand secours;
  • Les banques centrales de ces États devraient s'efforcer de constituer un solide fonds de réserves étrangères d'échange, afin de tempérer les fluctuations passagères des prix des marchandises et les flux irréguliers de capitaux.

Professeur Tyrone Fergusson, de l'Université des Antilles, a souligné la nécessité d'adopter une nouvelle approche dans la gestion de ce nouvel environnement sécuritaire. Il a rappelé les principales positions exprimées lors de l'Atelier sur «Le renforcement de la capacité stratégique des États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) sur des thèmes de politique sécuritaire» qui s'est tenu du 22 novembre au 3 décembre 1999 à l'Université des Antilles - atelier au cours duquel a été reconnue l’étendue multidimensionnelle des thèmes de sécurité et où les participants ont admis:

  • La nécessité d'une activité économique viable sur le long terme;
  • Le lien étroit entre vulnérabilité de l'écosystème et fragilité économique;
  • La nécessité d'une présence et d'une visibilité sur la scène internationale;
  • L'importance accordée à la distribution des ressources aux institutions et à la formation dans l'évaluation et le regroupement des compétences.

Le Professeur Fergusson a indiqué que les conclusions de l'Atelier s'étaient orientées vers la nécessité d'une nouvelle approche dans la gestion d'une nouvelle sécurité multidimensionnelle. Il a ajouté qu'en l'absence de modèles de gestion connus, «il importait de redéfinir la gestion de la sécurité de façon déterminante et mesurable, pour mieux saisir l'essence fondamentale des menaces d'insécurité et les conséquences de celles-ci». Les conclusions du Professeur Fergusson sont les suivantes:

  • Le principe d'une coopération entre systèmes de sécurité devrait être privilégié;
  • Le besoin de mettre en place des procédures de gestion sous-régionales cohérentes semble évident;
  • Les organisations internationales se trouvent au cœur de la gestion de la sécurité des petits États;
  • La nécessité d'une projet suivi, mis en place par l'académie régionale pour diffuser et coordonner les initiatives d'organisations/institutions régionales et internationales.

L'Ambassadeur Odeen Ishmael, représentant permanent de la République de Guyana, s'est exprimé lors de la réunion sur le poids de la dette nationale qui accable les économies des petits États. Selon lui, les donateurs et les institutions financières multilatérales devraient s'accorder sur un niveau maximum du service de la dette fixé à 10% des revenus d'exportation, notamment pour les pays pauvres fortement endettés, afin qu'ils puissent dégager des fonds supplémentaires destinés au développement de leur propre économie.

Dans une autre allocution, l'Ambassadeur Ishmael s'est inquiété de l'augmentation du nombre de crimes violents et de la multiplication des activités criminelles dans la région, accrue par l'expulsion vers cette région de criminels étrangers venus des pays développés. Pour faire face au développement de réseaux organisés de criminels, il a sollicité l'aide des pays développés pour former les officiers de police et des douanes.

M. Mario Rodriguez, Représentant suppléant du Venezuela, a souligné l'importance de la coopération internationale, garante de la sécurité des petits États insulaires. Selon lui, les efforts de coopération entre petits États des Caraïbes doivent se poursuivre et se concentrer, avec les pays d'Amérique latine, sur une amélioration de leur confort économique, plutôt sur un recours systématique à l’aide extérieure. Selon M. Rodriguez, certaines lignes de conduite solides devraient être adoptées :

  1. Une étude définissant les mesures à mettre en place pour permettre un regroupement des marchés caraïbes et latino-américains;
  2. Une coopération militaire, en particulier dans le cadre de programmes de lutte contre la drogue;
  3. La participation des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) aux réunions des Ministres de la Défense de l'hémisphère;
  4. Une participation accrue des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) aux questions de sécurité continentale à l'OEA.

L'Ambassadeur Denis Antoine, Représentant permanent de la Grenade, s'est inquiété que, dans l'environnement économique mondial actuel, les petits États soient traités comme de petites entreprises dans un environnement commercial hostile. Il a appelé les institutions financières multinationales, les organismes de développement et autres partenaires décisifs à élargir et à approfondir le rayon d'action de leurs interventions en considérant les problèmes économiques, sociaux et environnementaux des petits États. Il a ensuite identifié les domaines dans lesquels une aide était requise: la formation, le tourisme, le trafic de stupéfiants, l'atténuation des catastrophes naturelles et les technologies de l'information.

M. Kevin Isaac, Représentant suppléant de Saint-Kitts-et-Nevis, a relevé les incidences néfastes des catastrophes naturelles sur les économies et l'environnement des petits États de cette région. Des phénomènes comme les cyclones, les glissements de terrain, les éruptions volcaniques et l'élévation du niveau de la mer affectent négativement la croissance économique et la stabilité de cette région, se manifestant plus particulièrement à travers les difficultés quotidiennes rencontrées par les populations et les familles.

Dans une présentation abordant le thème de la vulnérabilité des petits États, M. Veejay Kalavakonda, analyste financier à la Banque mondiale, a souligné l'absence de mesures et les défaillances des systèmes d'assurance face aux situations de catastrophes dans cette région, d'où les difficultés pour les personnes ayant subi des pertes d'obtenir des dommages. Il a ainsi identifié plusieurs facteurs de vulnérabilité, et parmi eux: a) les sociétés faiblement capitalisées et entièrement dépendantes des assureurs internationaux; b) l'absence de tarification calculée sur les risques applicable aux ménages individuels et c) l'absence de cadre législatif et de réglementations sur la construction. M. Kalavakonda a préconisé l'application des mesures suivantes pour réduire cette vulnérabilité:

  • Moderniser le cadre législatif en matière d'environnement;
  • Réorganiser le marché des assurances;
  • Créer un fonds commun de catastrophes;
  • Assurer les biens du Gouvernement;
  • Entreprendre une étude afin de déterminer la possibilité d'instaurer un système obligatoire d'assurance catastrophes.

M. David Bulbulia, Représentant suppléant de la Barbade, a insisté sur la nécessité de déclarer la Mer des Antilles zone de paix: le lien entre les terres des îles caraïbes et la mer qui les entoure est essentiel, à tel point que la mer y constitue un élément fondamental de l'espace vital. M. Bulbulia a rappelé que les Chefs d'État et de gouvernement faisant partie de l'Association des États des Caraïbes (ACS) s'étaient mis d'accord en avril 1999 pour renouveler leurs efforts et faire de la Mer des Antilles une zone spéciale, dans le contexte d'un développement durable; cette initiative a requis une gestion intégrée de cette ressource qu'est la mer. M. Bulbulia a invité les États à redoubler d'efforts pour empêcher le transport maritime de déchets nucléaires dans la région, tout comme cela avait été fait dans le domaine de la prohibition des drogues.

Plusieurs interventions ont mis l'accent sur le thème du commerce international, notamment par rapport à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et des accords d'échange passés avec l'Union européenne (UE), et de l'impact négatif que ces divers accords pourraient avoir sur les petits États.

Mme Vilma McNish, Représentante suppléante de la Jamaïque, a signalé qu'il convenait de traiter et de résoudre les problèmes liés à l'intégration des plus petites économies dans la ZLEA, afin de créer une économie continentale homogène. La notion de petite taille a des conséquences sur la croissance et sur la capacité d'adaptation aux changements économiques. À ce titre, un traitement particulier devrait être réservé aux économies de petite taille, qui participeront majoritairement à la ZLEA, afin d'éviter toute marginalisation. Mme McNish a soulevé la question de la validité des mesures classiques d'encouragement de la confiance et de la sécurité pour traiter l'environnement sécuritaire de la région des Caraïbes: elle a suggéré que toute l'attention soit portée à l'extension et à la conception d'une approche plus complète de la confiance - approche qui tiendrait compte des préoccupations particulières des petits États insulaires en matière de sécurité.

Mme Andrea Ewart, de l'Université de Miami, a souligné que les petits États étaient pénalisés par l'application des règles imposées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les petits États sont en permanence confrontés à des obstacles qui réduisent leur capacité à protéger leur sécurité et leurs intérêts économiques. Mme Ewart a fait remarquer que les petits États souffrent du manque de ressources appropriées pour regrouper des experts du droit commercial et ne bénéficient pas sur le marché d'un pouvoir suffisant pour appliquer des mesures de rétorsion significatives. De fait, les petits États n'ont pas eu la possibilité de participer réellement aux négociations sur les Mécanismes de règlement des différends de l'OMC. Afin d'accorder aux petits États toute l'attention qu'ils méritent, Mme Ewart a proposé une approche procédurale visant à «un traitement particulier et différencié» qui obligerait les parties en conflit à résoudre leurs problèmes par consultation plutôt que d'avoir recours au Panel de l'OMC.

Mme Cecily Norris, Représentante suppléante de Saint-Vincent-et-des-Grenadines, a mis l'accent sur la menace que présentait la libéralisation commerciale pour les bases économiques des petits États. Se référant à l'exemple du conflit actuel entre cultivateurs de bananes à l'OMC, Mme Norris a indiqué que les paysans et d'autres citoyens étaient désormais tentés de se lancer dans des activités de production de marijuana et de transport transfrontalier de substances illicites, plus rémunératrices que la culture des bananes. Elle a également constaté que les traditions démocratiques des pays des Caraïbes se trouvaient menacées par ce développement antagonique.

Selon M. Sidya Ould El Hadj, du Comité pour la coopération de développement aux Caraïbes dépendant de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, en dépit des modestes taux de croissance enregistrés par les pays des Caraïbes dans les années 1990, le facteur taille constitue le fondement de tous les autres éléments et détermine dans une large mesure le progrès économique et social de ces pays. En effet, la taille conditionne fortement les possibilités de production, qui dépendent de ressources humaines, naturelles et financières limitées. Ces pays sont par conséquent extrêmement dépendants des importations nécessaires à leur production et à leur consommation ; ils doivent également construire des routes, des ports, des aéroports, des écoles, des hôpitaux et installer des équipements de télécommunications pour leurs populations. Même si, a conclu M. El Hadj, les petits États peuvent potentiellement bénéficier de la libéralisation incessante de l'économie mondiale, ils auront besoin d'aide et de temps pour maîtriser les handicaps structurels et les faiblesses de leurs économies.

Dr Patrick Albert Lewis, Ambassadeur d'Antigua et Barbuda auprès des Nations Unies, a cité un ensemble de problèmes représentatifs de la vulnérabilité des petits États : catastrophes naturelles, érosion des marchés, criminels expulsés des États-Unis, problèmes de drogue tendant à générer des pratiques de corruption, transport maritime de déchets dangereux sur la Mer des Antilles, marginalisation des petits États dû à l'impact de la mondialisation et à l'application de critères injustes (exemple: P.N.B) par les institutions financières multilatérales pour fixer les conditions d'accès aux financements et le niveau de financement accordé. M. Lewis a soutenu que la mise en œuvre de programmes de développement durable permettrait d'éradiquer la pauvreté chronique dont souffre ces pays - condition essentielle de préservation de la paix et de la démocratie. Il a plaidé pour une coopération entre les États membres de l'OEA et a demandé à cette dernière de réagir plus rapidement face aux réalités de cet hémisphère.

Dans sa présentation, M Carlyle Corbin, de l'Université américaine des îles Vierges, a évoqué la situation délicate des petits États non indépendants des Caraïbes, avant de conclure que «la plupart des zones non autonomes du continent endurent les mêmes problèmes de sécurité que les petits États insulaires, et que nombreux sont les États souffrant d'un déficit démocratique inhérent à l'inachèvement d'accords politiques et constitutionnels ».

M. Ivan L. King, de l'Institut de politique publique de l'Université George Mason, a suggéré de faire appel à des ressources nationales inexploitées, par exemple le patrimoine religieux/spirituel des sociétés, pour aborder des situations conflictuelles et permettre ainsi à des jeunes de s'impliquer dans la lutte contre le crime. Il a affirmé la nécessité de puiser dans les ressources que constitue le tissu moral de nos sociétés.

L'Ambassadeur Ronald D. Godard, représentant permanent adjoint des États-Unis, a souligné les efforts mis en œuvre par son pays lors du Sommet des Amériques. Il a fait part de la satisfaction des responsables américains quant aux progrès et à l'esprit de coopération qui ont caractérisé les efforts déployés pour traiter les problèmes de sécurité auprès des États des Caraïbes et a signalé ce qui suit :

  • Création d'une Commission interaméricaine sur l'atténuation des catastrophes nationales;
  • Aide humanitaire apportée par les États-Unis aux pays ayant subi des dégâts suite aux cyclones Mitch et Georges, notamment sous forme de fonds spéciaux destinés à la gestion de l'environnement et à l'atténuation des catastrophes;
  • Assistance technique aux petits États pour qu'ils puissent remplir les obligations de la ZLEA;
  • Prise en compte de la position des petits États impliqués dans le conflit de l'OMC sur les cultures bananières;
  • Tentative de création d'un programme de coopération pour traiter le thème du transport des déchets nucléaires ;
  • Mise en place d'un réseau de communication entre les États membres de l'OEA, outil précieux servant à établir des communications urgentes, surtout en situation de catastrophe naturelle.

Mme Sandra Honore-Brathwaite, Représentante suppléant de Trinité-et-Tobago, a fait part de l'accord et du soutien de sa délégation sur des thèmes et des initiatives visant à résoudre les problèmes de sécurité et à réduire la vulnérabilité des petits États. Elle a tout particulièrement apporté son soutien à la proposition de la Jamaïque de porter une plus grande attention aux petits États et de leur donner davantage de temps dans le cadre de leur intégration dans la ZLEA. Concernant les relations entre les Caraïbes et l'Amérique latine, Mme Honore-Brathwaite a signalé que de nombreux accords avaient été signés avec des pays d'Amérique latine pour promouvoir l'intégration de cette région, ceci en dépit des antécédents historiques en matière de commerce dans les Caraïbes.

M. Luis Menendez Castro, Représentant suppléant du Salvador, a précisé que les pays d'Amérique centrale s'étaient identifiés aux petits États, en exprimant les mêmes inquiétudes. Ces problèmes ne pourront être résolus de manière superficielle ou à travers des discours: il importe que l'OEA et d'autres pays de cette région prennent des mesures bien précises.

M. Martin Gomez Bustillo, Représentant suppléant de l'Argentine, a exprimé son soutien à l'égard des petits États, qui doivent bénéficier d'une attention particulière dans le cadre du processus d'intégration, eu égard au caractère multidimensionnel de la sécurité. La délégation a signalé que la réussite du projet de sécurité continentale dépendrait de l'importance accordée aux différentes réalités de chaque pays. Prenant les catastrophes naturelles comme exemple, la délégation a souhaité attirer l'attention des participants sur le rôle des casques blancs argentins, représentatif des efforts réalisés en matière de secours humanitaire dans l'hémisphère.

M. Luis Guardia, Représentant suppléant du Costa Rica, a exprimé son soutien à l'égard des préoccupations des petits États insulaires, ajoutant que le Costa Rica se trouvait dans des conditions économiques similaires. Le Costa Rica se reconnaît également dans les préoccupations formulées sur les menaces que présentent les cyclones, les tremblements de terre et le trafic de stupéfiants.

M. Carlos Crohare, Représentant suppléant du Chili, a sollicité des réponses définitives aux préoccupations exprimées par les petits États. Il a tout spécialement apporté son soutien à la proposition de la Jamaïque de revoir les mesures d'encouragement de la confiance et de sécurité pour tenir compte des problèmes des petits États insulaires.

L'Ambassadeur Carlos Leite Barbosa, Représentant permanent du Brésil, a confirmé le soutien de son pays pour apporter des solutions adéquates aux problèmes des petits États insulaires. Parmi les plus grandes menaces auxquelles sont exposés ces États, l'Ambassadeur a cité les catastrophes naturelles, le trafic de stupéfiants et les activités criminelles transnationales : leur impact multidimensionnel exige qu'on y porte une grande attention. Il a rappelé que le Secrétaire général de l'OEA avait formulé le besoin de redéfinir le concept de sécurité continentale lors de la Réunion de haut niveau qui s'est tenue à San Salvador en 1998. Il a enfin signalé que la IVème Réunion des Ministres de la Défense, prévue pour octobre 2000 au Brésil, sera l'occasion de débattre du thème de la sécurité dans les petits États insulaires.

M. Renata Wielgosz, Représentant suppléant du Canada, a déclaré que le Canada était sensible au rapport inhérent entre mondialisation et préoccupations en matière de sécurité, en raison des menaces d'ordre économique et des conséquences sociales déstabilisantes que cela implique. C'est pour cette raison, a-t-elle ajouté, que le Canada juge utile de créer «une nouvelle conception humaniste pour accompagner la mondialisation ». M Wielgosz a affirmé l'intention du Canada de travailler avec les partenaires situés dans son l'hémisphère: de solides progrès doivent être réalisés s'il l'on veut répondre aux préoccupations des petits États insulaires, et cette démarche doit permettre de préparer l'Assemblée générale de l'OEA qui aura lieu cette année et le prochain Sommet des Amériques.

La Représentante du Royaume-Uni a assuré que son pays apporterait son soutien aux petits États afin de les aider à réduire leur vulnérabilité. Elle a précisé que le Royaume-Uni a toujours entretenu d'étroites relations avec les Caraïbes et que son pays tenait à poursuivre cette démarche d'amélioration des rapports. La représentante britannique a salué les efforts de l'OEA, soulignant les avancées de l'organisation par rapport au reste du monde dans des domaines comme les programmes de lutte contre la drogue.

L'Ambassadeur Peterson, Représentant de l'Union européenne, a affirmé que cette organisation continuerait à soutenir les petits États insulaires grâce à la Convention de Lomé et qu'elle travaillerait au développement d'un programme commun de promotion des valeurs démocratiques et des droits de l'homme.

Le lieutenant-colonel Edward H. Croft, représentant des Forces de Défense d'Antigua et Barbuda, a présenté un Système de sécurité régionale, en soulignant qu'il ne s'agissait pas là d'une force de police, d'une force de défense ou d'un corps permanent d'armée, mais plutôt d'un système au sein duquel un Conseil des ministres chargés de la sécurité prendrait toutes les décisions. Le lieutenant-colonel Croft a expliqué que le fonctionnement de ce système reposait sur une coopération entre les États membres dans des domaines tels que les urgences nationales, les recherches et les secours, les services d'immigration, la protection de la pêche, le contrôle des droits de douane, le trafic de stupéfiants et la protection des installations côtières et des zones économiques exclusives. L'Officier a reconnu les contraintes liées au fonctionnement de ce système, ressources limitées, navires vétustes, coûts élevés d'équipement, de carburant et de maintenance - en précisant que ce système exercerait un effet de dissuasion qui en confirmerait la valeur.

Général Thompson, président de l'Organisation interaméricaine de défense (JID), a passé en revue quelques-unes des actions menées par la JID pour mettre en place des mesures d'encouragement de la confiance et de la sécurité dans le Continent américain. Il a présenté le rapport d'un programme de simulation des cyclones Micth et Georges, conduit en République dominicaine en février 2000, et auquel des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont participé. Le général a ensuite salué les petits États insulaires de la région, qui ont instauré de hauts standards dans les domaines de la coopération de la sécurité

5. Résumé des préoccupations

On peut résumer ainsi les préoccupations des petits États insulaires en matière de sécurité:

  1. Économies menacées par le phénomène de mondialisation, car entrées prématurément dans une arène internationale sans pitié et féroce;
  2. Vulnérabilité financière engendrée par les mesures et recommandations des institutions financières internationales et l'exigence pour les petites économies d'appliquer des critères économiques stricts;
  3. Fardeau du service de la dette, empêchant les petits États d'utiliser le produit national et les revenus des échanges internationaux pour un développement national;
  4. Menace constante et conséquences des catastrophes naturelles: destruction écologique et environnementale, entraînant une redistribution de ressources déjà rares pour assurer la reconstruction et subvenir aux besoins vitaux des populations;
  5. Menaces crées par l'élévation du niveau de la mer et l'utilisation abusive de l'environnement marin, notamment la pollution et le transport de déchets nucléaires et autres substances dangereuses Commerce incessant et croissant de substances illicites, notamment à l'origine de : (i) actes de crime, de violence et de corruption, (ii) destruction de la base des ressources humaines de la région, (iii) détournement de ressources substantielles nécessaires dans des secteurs de développement licites et (iv) augmentation de l'insécurité dans ces régions.

 

6. Recommandations

À l'issue de la réunion, les recommandations suivantes ont été faites à l'OEA:

  1. Favoriser les missions de coopération entre les petits États insulaires, et entre ces États et d'autres États du continent américain, et solliciter la coopération et l'aide de la communauté internationale pour essayer de diminuer la vulnérabilité des petits États insulaires;

  2. Travailler en étroite collaboration avec l'Université des Antilles pour favoriser le développement politique de modalités de sécurité multidimensionnelles destinées aux petits États insulaires;
  3. Fournir une assistance technique et logistique aux petits États insulaires, dans des secteurs reposant sur le commerce, le tourisme, le développement économique et la révolution numérique;
  4. Apporter une réponse en cas de catastrophe naturelle dans les petits États insulaires en mobilisant les services de secours et les ressources après la catastrophe, par exemple en faisant intervenir la Commission interaméricaine pour l'atténuation des catastrophes naturelles et les médias;
  5. Travailler en étroite collaboration avec des institutions multilatérales comme les Nations Unies, la Banque mondiale, le Commonwealth, l'Union européenne, l'Organisation mondiale du commerce et la Communauté des Caraïbes (CARICOM), afin de faire avancer les questions de gestion sécuritaire dans les petits États insulaires;
  6. Renforcer les mesures d'encouragement de la confiance et de la sécurité, surtout entre les petits États insulaires et d'autres États de l'hémisphère;
  7. Poursuivre l'étude des préoccupations particulières des petits États insulaires en matière de sécurité et présenter une résolution lors de la XXXème session ordinaire de l'Assemblée générale, en affirmant la nécessité de concevoir un modèle de gestion permettant de traiter les besoins des petits États insulaires en matière de sécurité;
  8. Étudier, puis définir, le rôle des acteurs privés et la participation de la société civile dans le processus de sécurité des petits États insulaires;
  9. Publier un compte rendu textuel de la réunion du 29 février 2000 et le diffuser auprès des agences et institutions ayant manifesté leur intérêt pour ce projet.

 

Philip St. Hill
Représentant suppléant de la Barbade près de l'OEA
6 mars 2000

ANNEXE I

ALLOCUTIONS PRONONCÉE 

Conférenciers:

  1. Ambassador Christopher R. Thomas, Assistant Secretary General of the OAS
  2. Sir Courtney Blackman, Ambassador, Permanent Representative of Barbados
  3. Professor Tyrone Ferguson, University of the West Indies
  4. Ambassador Odeen Ishmael, Permanent Representative of Guyana to the OAS
  5. Delegation of Saint Kitts and Nevis
  6. Lieutenant Colonel Edward H. Croft, Antigua and Barbuda Defence Force
  7. Alex Hall Hall, Alternate Observer of the United Kingdom to the OAS
  8. Major General John G. Thompson, Chairman, Inter-American Defense Board
  9. Delegation of Saint Vincent and the Grenadines
  10. Ms. Vilma McNish, Minister, Alternate Representative of Jamaica to the OAS
  11. Ms. Vilma McNish, Minister, Alternate Representative of Jamaica to the OAS
  12. Ambassador Ronald D. Goddard, Alternate Representative of the United States to the OAS
  13. Power Point presentation by Vijay Kalavakonda, Financial Analyst, World Bank
  14. Ambassador Patrick A. Lewis, Permanent Representative of Antigua and Barbuda to the United Nations
  15. Ambassador Odeen Ishmael, Permanent Representative of Guyana to the OAS
  16. Delegation of Barbados
  17. Mr. Sidya Ould El Hadj, ECLAC/CDCC
  18. Delegación de Argentina
  19. Embaixador Leite Barbosa, Representante Permanente do Brasil junto à Organização dos Estados Americanos
  20. Dr. Ivan L. King, George Mason University
  21. Adrea Ewart, School of Law, University of Miami
  22. Dr. Carlyle Corbin, Consultant, Non-Independent Countries of the Caribbean – ECLAC/CDCC

HARD COPY ONLY

ANNEXE II

DOCUMENTS DISTRIBUÉS

  1. Informal Overview of the basic tasks set out for the United Nations Water Management, Natural Resources and Small Island Developing States (SIDS) Branch by Mr. Espen Ronneberg, Inter-Regional Advisor for Small Island Developing States, Division for Sustainable Development, United Nations Department of Economic and Social Affairs
  2. The Meaningful Participation on Small Economies in the Free Trade Area of the Americas by Ambassador Richard L. Bernal, Permanent Representative of Jamaica to the OAS
  3. Papers by Ambassador Lionel Hurst, Permanent Representative of Antigua and Barbuda to the OAS
  1. Assessment of the role and effectiveness of the OAS
  2. Environmental Concerns: Global Climate Change
  3. Economic Concerns: Impediments to economic diversification as a causal factor in weakening the security of the small island-state

 

 

 

 


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