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Coopération pour la sécurité du continent

 

Déclaration de Santiago

 

CONFERENCE REGIONALE SUR LES MESURES
D'ENCOURAGEMENT DE LA
CONFIANCE ET DE LA SECURITE
8 - 10 novembre 1995
Santiago, Chili
OEA/Ser.K/XXIX.2
COSEGRE/doc.18/95 rev.2
10 novembre 1995
Original: espagnol

DECLARATION DE SANTIAGO
SUR LES MESURES D'ENCOURAGEMENT
DE LA CONFIANCE ET DE LA SECURITE
(Adoptée à la quatrième séance plénière tenue le 10 novembre 1995)

Les changements intervenus sur la scène internationale, l'avènement de gouvernements démocratiques dans le continent et la fin de la guerre froide ont créé des conditions propices au renforcement de la paix et de la sécurité dans les Amériques. Tous les éléments de cette évolution favorisent l'instauration des conditions requises pour que les Etats membres de l'OEA poursuivent le processus de réflexion et d'action nécessaire à l'élimination des facteurs qui engendrent la méfiance entre les Etats du continent, à la mise au point de nouvelles modalités de collaboration, afin de consolider la paix, d'assurer l'application effective des buts et principes de la Charte de l'OEA, de garantir l'exécution du droit international, de promouvoir des relations d'amitié et de coopération, éléments qui se traduiront par le renforcement de la sécurité dans la région.

L'adoption de mesures d'encouragement de la confiance et de la sécurité est une contribution importante à la transparence, à la compréhension réciproque et à la sécurité régionale, ainsi qu'à l'atteinte des objectifs du développement, notamment la maîtrise de la pauvreté et la protection de l'environnement. Le développement économique, social et culturel est indissolublement associé à la paix et à la sécurité internationales.

Les mesures d'encouragement de la confiance doivent s'adapter aux conditions géographiques, politiques, sociales, culturelles et économiques de chaque région et elles ont leur propre cadre d'application, comme l'indique la vaste expérience acquise dans le continent.

Le respect du droit international, l'exécution fidèle des traités, le règlement pacifique des différends, le respect de la souveraineté des Etats, et du principe de non-intervention, l'interdiction de la force ou de la menace du recours à la force comme le prescrivent les Chartes de l'OEA et de l'ONU, sont la base de la coexistence pacifique, ainsi que de la sécurité dans le continent, et constituent le cadre nécessaire à l'adoption de mesures d'encouragement de la confiance.

Les gouvernements expriment leur satisfaction en ce qui a trait aux progrès enregistrés dans le continent en matière d'intégration économique, car ils estiment qu'ils encouragent la confiance et la sécurité dans la région.

La condition essentielle à l'établissement d'un régime de sécurité international efficace est que tous les Etats soient soumis à des règles universelles, égalitaires et obligatoires.

Les décisions émanées des réunions régionales ou sous-régionales des chefs d'Etat et de gouvernement, ainsi que du Sommet des Amériques tenu à Miami en 1994, constituent des orientations importantes pour le renforcement de la sécurité régionale.

Les négociations en matière de sécurité et de promotion des mesures d'encouragement de la confiance et de la sécurité qui se déroulent au niveau sous-régional, comme par exemple celles que conduisent les pays de l'Amérique centrale, entre autres, par le truchement de la Commission de sécurité de l'Amérique centrale, contribuent à renforcer le climat de sécurité dans le continent.

D'autres réunions intergouvernementales, comme celle qui a eu lieu à Williamsburg sur l'invitation des Etats-Unis (Réunion des ministres de la défense des Amériques) contribuent au dialogue et à l'échange de points de vue sur cette question.

Le Traité de Tlatelolco est un élément essentiel de la contribution du continent à la cause de la paix et de la sécurité. La ratification de la Convention, souscrite en 1972, sur l'interdiction de la fabrication, de la production et du stockage des armes biologiques et toxiques et leur destruction, et la Convention souscrite en 1992 sur l'interdiction de la fabrication, de la production, du stockage et de l'utilisation des armes chimiques et leur destruction; la conclusion en 1996 du Traité sur l'interdiction totale des essais nucléaires, et le progrès des négociations sur les armes de destruction massive, la limitation des armements classiques et l'interdiction de certaines armes classiques dont les effets peuvent être considérés comme excessivement nocifs ou aveugles, contribueront à l'instauration d'un climat international plus stable.

L'application des mesures de confiance et de sécurité contribue à la création d'un climat propice à une limitation effective des armements classiques qui permette de consacrer un plus fort volume des ressources au développement économique et social des Etats membres, ce qui constitue un des buts essentiels de l'OEA, consacré dans sa Charte.

Le renforcement du dialogue bilatéral et multilatéral, favorise la connaissance réciproque et une collaboration plus poussée face aux défis du siècle prochain. Les mesures qui vont dans le sens du renforcement de la confiance et de la sécurité dans les Amériques sont particulièrement importantes pour la structuration de relations d'amitié et de coopération.

Dans le processus visant à identifier les mesures d'encouragement de la confiance et de la sécurité, il convient de souligner l'importance de la Réunion d'experts tenue à Buenos Aires en mars 1994, ainsi que les résolutions adoptées par l'Assemblée générale de l'OEA, en particulier les résolutions AG/RES. 1179 (XXIII-O/93), 1284 (XXIV-O/94) et 1288 (XXIV-O/94), ainsi que le projet d'inventaire présenté par l'Organisation interaméricaine de défense au Conseil permanent en application de la résolution CP/RES. 650(1031/95).

Sous le bénéfice des considérations qui précèdent, les gouvernements des Etats membres de l'OEA, réunis à Santiago, Chili, conviennent de recommander l'application, selon les modalités les plus appropriées, de mesures d'encouragement de la confiance et de la sécurité, parmi lesquelles il convient de citer celles qui sont énumérées ci-après:

a. l'adoption graduelle des accords relatifs à la notification préalable des manoeuvres militaires;

b. l'échange d'informations et la participation de tous les Etats membres au Registre des armes classiques des Nations Unies et au Rapport standardisé sur les dépenses militaires;

c. la promotion de l'élaboration et de l'échange d'informations concernant les politiques et les doctrines de défense;

d. l'étude d'un système de consultation visant à avancer sur la voie de la limitation et du contrôle des armes classiques;

e. leurs accords concernant l'invitation d'observateurs aux manoeuvres militaires, la visite des installations militaires; les facilités d'observation des opérations courantes et l'échange de personnel civil et militaire pour la formation, l'entraînement et le perfectionnement;

f. les réunions et les mesures visant à prévenir des incidents et à accroître la sécurité dans le trafic terrestre, maritime et aérien;

g. les programmes de coopération en cas de catastrophes naturelles ou de prévention de ces catastrophes, sur la demande et avec l'autorisation des Etats touchés;

h. le développement et l'établissement de communications entre les autorités civiles ou militaires de pays voisins en tenant compte de la situation frontalière;

i. l'organisation de séminaires, de cours de vulgarisation et d'études sur les mesures de confiance mutuelle et sur les politiques d'encouragement de la confiance avec la participation de civils et de militaires, ainsi que sur les préoccupations particulières des petits Etats insulaires dans le domaine de la sécurité;

j. organisation d'une réunion de haut niveau sur les préoccupations particulières des petits Etats insulaires dans le domaine de la sécurité;

k. les programmes d'éducation pour la paix.

Les mesures précitées exigent la mise en marche de toute une gamme d'actions visant au suivi et à l'évaluation périodique de leur application. A cet effet, les représentants des gouvernements des Etats membres de l'OEA demandent à la Commission sur la sécurité du continent qu'elle assume ces tâches et établisse un rapport y relatif qui sera examiné par l'Assemblée générale lors de sa vingt-sixième Session ordinaire, laquelle décidera, entre autres, la réalisation d'une conférence régionale de suivi de la Conférence régionale sur les mesures d'encouragement de la confiance et de la sécurité, tenue à Santiago, Chili.

Vu l'importance de connaître d'autres mesures qui sont en cours d'application ou qui pourraient être adoptées, les représentants s'accordent à porter périodiquement à la connaissance de la Commission de l'OEA sur la sécurité continentale, les informations sur l'application des mesures d'encouragement de la confiance afin de faciliter l'établissement d'un inventaire complet et systématique de ces mesures en réponse à la directive énoncée par l'Assemblée générale à l'intention de l'OEA.

Les représentants appuient la poursuite des négociations internationales sur l'interdiction, le trafic et l'usage massif de mines antipersonnel, en raison des effets préjudiciables qu'elles exercent sur la population civile et le développement économique et social. Dans cette perspective, ils rendent hommage aux travaux de déminage que réalisent en Amérique centrale l'Organisation des Etats Américains et l'Organisation interaméricaine de défense.

Les gouvernements du continent accordent une priorité spéciale à l'identification des risques, menaces et défis auxquels sont confrontées les Amériques au seuil du prochain millénaire, ainsi qu'à l'instauration d'un climat international de confiance et de paix au moyen de la coopération, conformément aux buts et principes consacrés dans la Charte de l'OEA.

Dans ce contexte, ils s'engagent à déployer tous leurs efforts afin de parvenir au règlement des différends existants, dans les plus brefs délais, par des arrangements négociés, fondés sur la justice et le respect du droit internantional et des traités en vigueur.

Les représentants s'accordent à reconnaître que les Amériques sont en mesure de contribuer au raffermissement effectif de la paix et de la sécurité internationales, grâce à la confrontation des expériences avec d'autres régions en matière de mesures d'encouragement de la confiance et de la sécurité.

Les représentants expriment leurs remerciements au Gouvernement du Chili pour son accueil chaleureux et l'organisation impeccable de la réunion. Ils adressent également leurs vifs remerciements au Secrétariat général de l'OEA.

Fait à Santiago, le 10 novembre 1995

 

 

 

 


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